Le discours plutôt flatteur du chef de l'Etat, s'il est vraiment le sien, s'avère toutefois insuffisant pour convaincre les militants antigaz de schiste d'In-Salah qui, de leur côté, ne jurent que par l'arrêt du projet lancé à seulement quelques kilomètres de leur ville. Le pouvoir continue de se montrer intransigeant quant à l'exploration du gaz de schiste. Un projet qu'il compte "poursuivre jusqu'au bout". Ce sont les termes utilisés dans le message attribué au président Bouteflika, lu jeudi 19 mars à Ghardaïa, à l'occasion de la journée de la Victoire. Le chef de l'Etat l'a dit en des termes plus clairs cette fois-ci, en soutenant que l'Algérie "poursuivra jusqu'au bout" les forages exploratoires du gaz de schiste, à l'instar de celui déjà lancé dans la région d'In-Salah qui a provoqué la colère de la population. "C'est en gardant en permanence à l'esprit que nul n'a le droit et ne peut se permettre d'agir d'aucune manière pouvant attenter aux intérêts des citoyens, à l'écologie et à l'intégrité géologique de quelque zone territoriale que ce soit, que nous avons entrepris, sur la base de certitudes irréfragables, éprouvées et vérifiées, d'engager les travaux d'exploration et d'évaluation, uniquement, des potentialités du pays en gaz de schiste. Nous nous conformerons à cette option jusqu'au bout", a tranché Bouteflika dans son message emballé. "In-Salah est la prunelle de nos yeux. Elle n'a été avare envers l'Algérie ni de ses ressources ni de l'apport des meilleurs de ses enfants. Elle l'a gratifiée de deux richesses, celle du gaz et celle des hommes (...)". "Je vous sais suffisamment patriotes et jalousement attachés à la patrie et à ses intérêts, suffisamment imbus de civisme pour aller dans ce sens (...)", ou encore : "Vous êtes imbus d'un sens de l'honneur qui ne peut s'accommoder d'un asservissement de votre patrie (...)" sont autant d'éloges jetées aux citoyens de cette ville du Sud algérien. Ceci, avant de les appeler à faire preuve de sagesse : "Je vous invite à privilégier la sagesse et à faire prévaloir la raison, car la préservation de la santé des citoyens et de leur environnement est la ligne rouge que ni l'Etat ni nulle autre partie ne peut franchir. Les citoyens sont la véritable richesse du pays, sa richesse pérenne et inépuisable." Le discours plutôt flatteur du chef de l'Etat, s'il est vraiment le sien, s'avère toutefois insuffisant pour convaincre les militants antigaz de schiste d'In-Salah qui, de leur côté, ne jurent que par l'arrêt du projet lancé à seulement quelques kilomètres de leur ville. "C'est un discours pas du tout convainquant, car il ne répond guère à notre revendication qui est pourtant claire. À Bouteflika qui affirme que l'Algérie poursuivra le projet d'exploration du gaz de schiste jusqu'au bout, nous, citoyens d'In-Salah, lui disons que nous allons aussi poursuivre notre mouvement jusqu'au bout", nous a déclaré, hier, au téléphone, un des militants antigaz de schiste d'In-Salah, indiquant qu'"une marche est d'ores et déjà programmée pour demain (aujourd'hui, ndlr)". Le même militant avertit, par ailleurs, qu'une action plus audacieuse peut incessamment être menée par les citoyens, si les autorités s'entêtent à autoriser la fracturation hydraulique du deuxième puits prévu à Ahnet (à environ 30 kilomètres de la ville d'In-Salah). F .A.