Le président du MSP invite le chef de l'Etat à s'occuper des problèmes de la nation au lieu de "menacer l'opposition". Alors que d'aucuns s'interrogent sur la violence des propos, d'autres, comme Benflis ou le RCD, doutent de la paternité du message attribué au président Bouteflika et lu en son nom par son conseiller à Ghardaïa à l'occasion de la fête de la Victoire. Le président du MSP, Abderrezak Makri, lui, y voit les signes d'une lutte féroce au sommet. "C'est une histoire de guerre des clans. De l'intensification du conflit à l'intérieur des institutions de l'Etat entre les clans du pouvoir. Les uns répondent aux autres en cherchant à impliquer l'opposition", a estimé hier, au siège du parti à Alger, Abderrezak Makri à l'ouverture de la conférence nationale des secrétaires de wilayas chargés de l'information et de l'éducation. C'est pourquoi il appelle Bouteflika à nommer les personnes ciblées dans son message. "Mais, ne généralise pas !" Du reste, le MSP, soutient son président, n'est pas "disposé à entrer dans cette guerre des clans". "Nous sommes un parti nationaliste, notre souci, c'est le pays", dit-il. Qualifiant le message de "désolant", de "préoccupant" et qui fait peur, Abderrezak Makri s'interroge : "Quand tu nous menaces, ça veut dire quoi ? Tu veux achever ce qui reste d'espaces de liberté ? Nous empêcher de parler ?" "On n'accepte pas que tu menaces les libertés", assure-t-il sur un ton ferme. Comme Benflis, le président du MSP, qui incarne la ligne dure du parti depuis sa création, laisse planer des doutes sur les auteurs réels de ce message qui contient des menaces. "On aurait souhaité d'abord qu'il ne s'adresse pas à nous à travers des feuilles. On refuse que la communication avec les partis et les citoyens se fasse à travers les feuilles puisqu'on ignore les circonstances de leur écriture", affirme-t-il, avant d'inviter le Président à s'occuper des problèmes de la nation au lieu de "menacer l'opposition". "On aurait aimé qu'il parle du système éducatif qui concerne des millions d'Algériens au lieu de menacer l'opposition (...) Il aurait mieux fait de s'intéresser à la vie chère, aux questions économiques, à ce qu'il nous parle des chiffres économiques (recul des réserves de changes, etc.)", souligne Makri, avant de lancer en guise de défi : "On va te tirer chapeau si tu menaces la corruption, si tu nous ramènes Chakib Khelil et tout le monde sait qu'il est proche du Président (...). Qu'on traite l'affaire Khalifa. Sois rigoureux pour l'intérêt du pays, attaque-toi à la corruption qui menace l'avenir du pays." "On nous reproche de noircir le tableau de la situation du pays, mais nous tenons nos chiffres de Laksaci, de l'ONS, du gouvernement... Nous demandons au Président d'examiner ces chiffres par esprit nationaliste", ajoute t-il. Selon Makri, "l'Algérie s'achemine vers une situation pire que celle de 1986 et du début des années 90 dont l'origine était la situation économique". Estimant que le Président devait se féliciter plutôt de l'existence d'une opposition consciente, responsable, qui agit dans le respect de la loi, Abderrezak Makri l'appelle à "veiller à l'unité du pays, à sa stabilité et à ne pas provoquer la déstabilisation de l'Algérie avec ce genre de messages contenant les menaces envers la classe politique et l'opposition". Des menaces qui ne rassurent pas les voisins, en ce sens que les efforts déployés pour les aider à retrouver la paix (Libye, Tunisie etc.) sont vains faute de renforcement d'un front intérieur. "Ton absence handicape cette réussite", dit-il à l'adresse de Bouteflika, avant de l'appeler "à une transition négociée" dans le cadre du dialogue et la mise en place d'une instance indépendante pour les élections, pour rétablir la confiance. "La politique n'a aucun sens avec le trucage des élections et la mafia qui a accaparé les richesses du pays et truque les élections. Le danger qui guette le pays, c'est le trucage des élections", conclut-il. K. K.