Les partisans du boycott veulent capitaliser la réussite de leur meeting populaire tenu vendredi dernier à la salle Harcha à Alger. Deux jours seulement après cette manifestation qui a drainé des foules, la Coordination des partis et personnalités pour le boycott de l'élection présidentielle du 17 avril a procédé, hier à la Mutuelle des matériaux de construction à Zéralda (Alger), à l'installation officielle d'une commission politique qui a pour tâche de préparer une conférence nationale sur "la transition démocratique en Algérie". Chaque membre de la Coordination est représenté par trois membres au sein de cette commission. Les principaux leaders de cette coordination, Mohcine Belabbas (RCD), Ahmed Benbitour (ancien chef de gouvernement), Abdallah Djaballah (FJD), Mohamed Doubi (Ennahda), Abderrezak Makri (MSP) et Smaïl Saïdani (Jil Djadid), se sont relayés sur la tribune pour insister sur la nécessité de construire une alternative au système en place. Le représentant de Jil Jadid, Smaïl Saïdani, s'est violemment attaqué au président Bouteflika et à ses partisans. "L'histoire condamnera ce président et son clan et les jettera dans sa poubelle", a-t-il soutenu avant de lancer un appel aux 5 candidats à la présidentielle, notamment Ali Benflis, à "se retirer de cette pièce de théâtre et à ne pas accompagner ce président qui n'aime pas son peuple et qui a porté atteinte à la Révolution et aux martyrs". "Laissez-le, seul", s'est-il écrié. Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a, de son côté, mis en exergue la "symbolique" de l'installation d'une telle commission. Il a présenté la Coordination comme "une constituante en miniature" qui est appelée "à grandir" puisque "la conférence nationale qui sera organisée verra la participation de tous les Algériens". La conviction de M. Belabbas est qu'après le 17 avril, beaucoup de partis et personnalités vont grossir les rangs de la Coordination. Pour le président du RCD, il ne faut plus parler de partis d'opposition, mais plutôt de "partis de la résistance" car, en l'absence d'élection libre et transparente reflétant la volonté populaire, l'on ne peut connaître le poids des uns et des autres, ni parler de pouvoir et d'opposition. La démarche des boycotteurs vise justement à mettre en place des règles démocratiques permettant une vraie compétition politique entre les différents acteurs. "La rencontre d'aujourd'hui est porteuse d'un grand message politique, mais aussi de perspectives politiques pour l'Algérie de demain", a expliqué le secrétaire général d'Ennahda, Mohamed Douibi. "Le pays étant dans une impasse politique, il est de notre devoir d'offrir des perspectives politiques pour le pays", a-t-il insisté. Pour sa part, le président du FJD, Abdellah Djaballah, a estimé que l'Algérie a besoin d'une conférence nationale pour débattre de la transition démocratique, mais aussi des changements qu'il faut introduire dans la loi fondamentale du pays qui, selon lui, accorde des prérogatives exorbitantes au président de la République. "La vraie réconciliation, la vraie démocratie et le patriotisme sont dans cette salle", a estimé le président du MSP, Abderrezak Makri. Pour lui, les partisans du boycott ne sont pas des nihilistes, mais porteurs d'"un projet national et démocratique". "Nous sommes porteurs d'une alternative à l'échec, la corruption et l'indécence du système en place", a-t-il assuré. Le président du MSP n'a pas manqué de brocarder le président Bouteflika qui, dans sa lettre rendue publique samedi, a affirmé que c'est le peuple algérien qui l'a exhorté à se porter candidat. "C'est faux. Ce sont tes partisans qui t'ont sollicité à le faire", a-t-il rétorqué, avant de critiquer le bilan "négatif" des 15 ans de règne du chef de l'Etat. Le président du MSP a ensuite lancé un appel au candidat Ali Benflis pour se retirer de cette "mascarade". L'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, a fait un diagnostic sans appel de l'Algérie d'aujourd'hui. Pour lui, l'Etat est déliquescent et son économie est faible et quasi dépendante des hydrocarbures. Le remède de M. Benbitour : changer le système de gouvernance dans sa globalité qui passe d'abord par le boycott de la prochaine présidentielle et préparer la transition démocratique. A C Nom Adresse email