La filière textile ne couvre que 6% de nos besoins nationaux. Face à une importation à tout-va, opérée à la faveur de l'ouverture du commerce extérieur, en 1995, la production locale a été mise à mal. Elle n'arrive toujours pas à s'en remettre. L'industrie manufacturière, par exemple, est dans le rouge, enregistrant -0,3% de croissance au premier semestre 2014. Ainsi, les industries de sidérurgie, métalliques, mécaniques et électriques ont réalisé -10,2% de croissance, la chimie, caoutchouc et plastique -6,5%, le textile -5%, les matériaux de construction -2,6% et les industries du bois et des lièges -0,7%. Cela a fait que 94% des besoins manufacturiers du pays sont couverts par les importations. Le textile et cuir ne couvre que 6% des besoins du marché local. Le made in Algeria reste, dans ce contexte, sans consistance, assimilable à un slogan, faisant du surplace. Situation inéluctable ? Des investissements ont été consentis, pour donner de l'essor à la production locale, et infléchir cette situation. L'optimisme est permis, mais pas pour tous les secteurs. La filière textile, en berne depuis plusieurs années, se reprend, aujourd'hui. La preuve, le groupe public Confection et habillement (CH), savoure d'excellents résultats à la faveur de cette relance, dégageant, en 2014, cinq milliards de dinars de plus-value, ce qui n'est pas rien, commente Amar Takdjout, secrétaire général de la fédération textile et cuir à l'UGTA pour qui il y a place pour un réel développement du textile, un marché de 1,6 milliards de dollars. Dans ce secteur, un grand chantier a été mis en mouvement, avec les Turcs, depuis deux ans. Des entreprises algéro-turques sont déjà à l'œuvre, et ont commencé à produire sur les sites de Béjaïa et de Relizane. Et, des articles, à des prix abordables ( 20 à 30% de moins par rapport au marché), fruit de ce partenariat, les consommateurs les verront, dans quelques semaines, dans nos magasins, nous annonce Amar Takdjout. Deux pactes d'actionnaires ont été signés, il y deux ans, entre le groupe public Confection et habillement (CH) et la société turque Ringelsan pour la production d'articles de prêt-à-porter, à Béjaïa, et de bonneterie à Relizane. Les contrats conclus, l'ont été dans le cadre du 49/51. Ils prévoient la création de deux sociétés mixtes, détenues à hauteur de 70% par le groupe CH, et de 30% par la société turque. Le capital social de chacune de ces sociétés est d'un milliard de dinars. La première entreprise, localisée à Béjaïa, sur le site de la Société algérienne du costume (Alcost), produira des articles de prêt-à-porter comme les costumes, les vestes et les manteaux. Bientôt des costumes, vestes et manteaux made in Algeria sur le marché La seconde entreprise, à Relizane sur le site de la société de bonneterie de Oued Mina, produira des articles de bonneterie comme les vêtements de sport, les tee-shirts et les chaussettes. À partir de l'Algérie, les Turcs ont l'ambition de produire pour "les plus grandes marques dans le monde et selon les standards mondiaux". "Actuellement, la filière textile ne couvre que six pour cent de nos besoins locaux, c'est maigre. La branche était dans le rouge ; on fabriquait, par exemple, 22 millions de paires de chaussures dans les années quatre-vingt, on n'en fabrique aujourd'hui qu'un million, c'est dire l'ampleur des dégâts essuyés par le textile", relève le secrétaire général de la fédération textile et cuir. Toutefois, ajoute-t-il, si cette dynamique est soutenue, en amont et en aval, le secteur du textile pourrait commodément satisfaire seize à vingt pour cent du marché domestique, dans les prochaines années. Dommage que des opportunités existent et qu'on n'arrive pas à les saisir. Pourquoi n'avons-nous pas développé la fibre synthétique, demande le secrétaire général de la fédération textile et cuir à l'UGTA. Pourtant, poursuit-il, un bon paquet de projets ont été engagés dans la pétrochimie. Si on ne l'a pas fait, dit-il, c'est parce qu'on a favorisé l'importation. Il préconise par ailleurs que "le textile ainsi que d'autres branches à l'exemple de l'agriculture et de l'industrie agroalimentaire sont à développer en priorité. Le secteur agricole couvre 72 % de nos besoins de consommation. Est-ce suffisant? 72% est un bon chiffre, sauf que la facture alimentaire avoisine les dix milliards de dollars. Cela n'est pas normal", juge-t-il. Aussi, il reste beaucoup à faire dans cette branche. À mon sens, recommande-t-il, il y a nécessité d'intéresser notre jeunesse à l'agriculture, d'engager la réflexion autour de l'Ansej et de l'impliquer dans la promotion de l'agriculture dont le budget atteindra 300 milliards de dinars pour le prochain quinquennat (2015-2019). D'autres filières, telles que le liège et le bois, doivent être mises dans une nouvelle dynamique. Takdjout regrette que des menuiseries ferment, faute de commandes, alors que le pays veut construire deux millions de logements. Y. S.