Le Forum social mondial de Tunis qui s'est achevé hier a, encore une fois, montré toutes les divergences qui traversent la société civile algérienne. Les clivages entre des associations gravitant autour du pouvoir et celles luttant pour leur autonomie, sont apparus au grand jour à l'occasion de ce forum. Et rien de plus emblématique de ces divergences que ces accusations, après les incidents ayant opposé des Algériens et des Marocains, proférées par certains contre leurs concitoyens accusés "d'avoir gâché" la fête, d'être "à la solde du pouvoir" et "d'avoir terni l'image de l'Algérie". Vendredi, lors de la conférence de presse organisée par les membres d'organisation du FSM, des représentants n'ont pas manqué de "dénoncer" certains de leurs concitoyens, mais aussi cet "amalgame" fait par les organisateurs estimant que ce ne sont pas toutes les associations algériennes, ni leurs représentants qui étaient impliqués dans les incidents qui ont émaillé la table ronde "Résolution des conflits pour l'unité du Maghreb". Dans un communiqué rendu public, de nombreuses associations, dont Association AGIR Bouira, Algeria Solidarity Company (ASC), le Collectif pour l'abrogation de la loi 12/06, le Groupe antigaz de schiste Oran (GASO), Femmes plurielles, le syndicat des chômeurs (CNDDC), Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), SOS disparus, Tharwa Fadhma n'Soumer, le comité populaire contre le gaz de schiste en Algérie et le Mouvement culturel amazigh des Aurès (MCA), ont condamné "les agissements" de ces éléments qualifiés de "baltaguia". "Ce comportement est contraire à la charte des Forums sociaux mondiaux et à leur esprit, caractérisé par la liberté d'expression et le refus de la violence et des discours haineux. Ces éléments ne représentent, en aucun cas, la société civile algérienne et donnent une image détestable de notre pays. Ces agissements sont d'autant plus condamnables que nous avons constaté une participation importante et remarquable de collectifs algériens à ce Forum social mondial", ont-ils écrit. Tout en exprimant leur regret que "ces agissements viennent entacher cette participation algérienne – forte et inédite", ces associations soutiennent qu'elles militent "pour que, en Algérie même, ce genre de rencontres, de débats contradictoires, d'espaces d'expression libre, de société civile indépendante et autonome ne soient plus empêchés par les autorités algériennes". À noter qu'en marge du FSM, un Espace civil algéro-tunisien (ECAT) dédié aux associations issues de la société civile algérienne et tunisienne a été créé hier, selon l'APS. "Cet espace permettra également de créer des synergies innovantes, de capitaliser et de sédimenter les compétences des associations au profit du développement local dans les deux pays." "La proximité sociale et culturelle, notamment dans les zones frontalières, constitue un atout majeur permettant la complémentarité des deux sociétés civiles dans l'élaboration et la réalisation conjointe de projets de développement local relayant les cadres coopératifs fixés par les autorités des deux pays respectifs", conclut le texte qui reprend un discours aux relents officiels. K. K.