Imposée par l'état de la finance nationale ébranlée par la dégringolade du prix du Brent sur les marchés internationaux, la loi de finances complémentaire (LFC) ne saurait être, à elle seule, un remède aux fléaux qui ont gagné l'économie nationale, encore moins corriger les erreurs d'aiguillage politique des gouvernements successifs Présidant l'ouverture, avant-hier, de la Conférence nationale sur le commerce extérieur, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé l'élaboration d'une loi de finances complémentaire (LFC), laquelle était, au demeurant, attendue, tant est que la chute drastique et durable du prix du baril de pétrole devait nécessairement impliquer des révisions et recadrages budgétaires. L'annonce en elle-même ne constitue donc pas une surprise. On pourrait même ajouter que c'est pour la première fois depuis 2000 que l'élaboration d'une LFC est justifiée par des impératifs financiers et économiques. D'ailleurs, à la différence des LFC passées, celle annoncée par le Premier ministre ne viendra pas répartir, via les coutumières rallonges budgétaires, une manne financière opulente mais opérer, au contraire, des coupes dans les budgets déterminés dans la loi de finances 2015. Enchaînant avec une palette de mesures d'austérité recommandées depuis plusieurs mois déjà, la LFC préconisée trahit, à vrai dire, l'échec du gouvernement à conduire des politiques de développement à même d'extraire l'économie, et donc la finance nationale de la dépendance aux hydrocarbures. L'exposé des motifs choisi pour cette LFC, à savoir la lutte contre la corruption et la fraude dans le financement des importations, sonne faux, puisque la médication aux fléaux cités ne se confine pas dans la loi de finances, quand bien même elle serait la mieux élaborée. La médication est dans la vitalité des institutions de la République. Or, force est de relever que la vitalité n'est malheureusement pas le propre des institutions, celles notamment concernées par la lutte contre la corruption et autres fléaux, à l'exemple de la justice qui est loin d'être indépendante. L'état délétère dans lequel se débat l'économie nationale est donc aussi le fait de la sclérose politique. Ajouté à l'imprévoyance des gouvernements successifs depuis l'avènement de Bouteflika à la magistrature suprême, l'asservissement des institutions a joué en facteur aggravant. Si le pays se réveille sur l'amère réalité de sa fragilité financière, alors que très important a été le flux de devises généré par la flambée durable du prix du baril de pétrole, c'est que sa gouvernance au triple plan politique, économique et social n'a pas été judicieuse. Nombre d'experts en économie l'ont déjà souligné : la manne financière des quinze dernières années n'a pas profité à l'économie nationale. Faute d'organismes de contrôle et d'une justice indépendante performante, la corruption "a prospéré" à l'ombre des grands projets structurants, à l'exemple du projet de l'autoroute Est-Ouest. Par ailleurs, la thésaurisation au détriment de l'investissement productif s'avère ne pas être le meilleur choix qui s'offrait aux gouvernements qui ont eu à gouverner à l'ère de la prospérité financière. De même que le recours systématique à la dépense pour s'acheter la paix sociale, tout en étouffant les velléités d'émancipation démocratique de la société, n'a pas été une attitude éclairée. C'est ce qui fait que le gouvernement se retrouve aujourd'hui rattrapé par ses mauvais choix économiques et politiques. S. A. I.