La première réunion du Conseil des ministres, depuis le remaniement gouvernementale, s'est tenue mercredi, sous la présidence de M. Abdelaziz Bouteflika, à l'issue de laquelle, il a été adopté le projet d'ordonnance portant loi de finances complémentaire pour 2008. L'élaboration de ce texte a tenu compte de la décision du chef de l'Etat de porter le prix de référence du baril de pétrole, dans le calcul de la loi de finances, de 19 dollars à 37 dollars. En effet, le chef de l'Etat a tenu à saisir cette première réunion pour inviter instamment le gouvernement à déployer davantage d'efforts dans l'accomplissement de sa mission. Le chef de l'Etat a réitéré ses directives à l'endroit du gouvernement pour veiller à la réalisation du programme quinquennal de développement dans les délais requis. D'autre part, il a exhorté les ministres à afficher plus de rigueur dans la gestion des ressources et des moyens de l'Etat et de mener une lutte avec détermination contre tous les fléaux qui s'attaquent à notre pays, notamment la corruption et l'atteinte aux biens et aux deniers publics, qui sont plus que jamais intolérables. En outre, et dans le même sillage, le président de la République lors de son intervention, a relevé que le gouvernement doit expliquer d'une manière simplifiée aux citoyens que l'Algérie n'a pas d'aisance financière véritable car ses recettes dépendent des seules hydrocarbures, qui sont condamnées à l'épuisement à terme, compte tenu du niveau très lourd atteint par la dépense publique. Il a souligné qu'"outre les recettes de la fiscalité ordinaire, la dépense publique représente désormais également l'équivalent des recettes de la fiscalité pétrolière à 65 dollars le baril. Cependant, les transferts sociaux de l'Etat au profit de la population sont appelés à augmenter encore avec la dotation en personnels et crédits des nouvelles infrastructures que l'Etat réalise chaque année dans les différents secteurs tels que l'éducation, l'enseignement supérieur et la santé publique", a relevé encore le chef de l'Etat. Aussi, il a également instruit le gouvernement de veiller à la rigueur dans l'utilisation des deniers publics et œuvrer, à libérer de plus en plus la ressource budgétaire du poids de la gestion des infrastructures, notamment celles revêtant un caractère marchand. Autre orientation assignée par le Président consiste en la mobilisation des finances publiques pour le développement de la production nationale, à travers des méthodes concordant avec l'économie de marché, tout en préservant les ressources publiques des spéculateurs et des agents parasitaires, affirme le président. C'est dans ce cadre que s'exposent les mesures d'encouragement introduites dans cette loi de finances complémentaire, a ajouté le chef de l'Etat. Par ailleurs, et s'agissant de l'amélioration des recettes des collectivités locales, le président de la République a insisté sur la nécessité, pour les élus locaux, d'assumer leurs responsabilités en améliorant la gestion des ressources et des moyens, et en bannissant le gaspillage, soulignant enfin que le contrôle des finances publiques doit se renforcer, y compris au niveau local, et que tout manquement devra être pris en charge par la justice dans le cadre de la loi. Pour rappel, la LFC 2008 se base sur des données macroéconomiques mises à jour pour l'année 2008 par rapport à la loi de finances initiale, notamment une inflation revue à 3,5%, un taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) revu à 3,5%, bien que hors hydrocarbures, cette croissance est revue à 6,5%, un volume d'importations de 30 milliards de dollars. En recettes, le budget enregistrera, pour 2008, une hausse de près de 44% (2 763 milliards DA au lieu de 1 924 milliards DA), due essentiellement à la révision du prix du baril de pétrole pris comme référence, entraînant un surcroît de 745 milliards DA de fiscalité pétrolière. En dépenses, la loi de finances complémentaire pour 2008 enregistrera une augmentation de près de 13%. Les crédits totaux alloués pour l'année sont ainsi arrêtés à 4 882 milliards DA (contre 4 323 milliards DA). Ce qui fait que le budget de fonctionnement connaîtra une hausse de plus de 17% soit 345,2 milliards DA, passant de 2 018 milliards DA à 2 363,2 milliards DA. Cette augmentation est notamment destinée à faire face au soutien du prix des céréales et à la réforme des dispositifs de soutien à l'emploi.