À l'occasion de la Journée internationale de l'autisme qui sera célébrée le 9 avril 2015, le Dr Djamel Marniche se penche sur la situation des enfants autistes et les conditions difficiles de leur scolarisation en mobilisant toutes les énergies et toutes les forces en organisant un congrès sur l'autisme en Algérie, les 9 et 10 avril, à l'hôtel El-Aurassi. Liberté : Comment vous est venue l'idée d'organiser un congrès sur l'autisme en Algérie ? Le Dr D. Marniche : Permettez-moi de vous rappeler que j'ai déjà préparé et organisé une table ronde le 24 janvier 2015 au centre culturel Azzedine-Medjoubi sur l'autisme en Algérie avec la collaboration de spécialistes polonais sur l'autisme. Cette rencontre, qui a regroupé l'ensemble des acteurs impliqués tels que les familles touchées par l'autisme de leurs enfants, ainsi que les praticiens concernés par cette maladie, a permis de contribuer à faire évoluer le regard porté sur l'autisme et susciter un réflexe chez l'ensemble des participants, pour créer une véritable synergie qui permettra d'améliorer la compréhension, les soins, la prévention, et surtout, la formation des professionnels. Que peuvent apporter l'expérience et l'expertise polonaises à l'Algérie ? Grâce à des contacts que j'ai pu développer avec des confrères polonais depuis maintenant plus de deux ans, j'ai constaté que la Pologne peut être considérée comme une très bonne référence en la matière. La Pologne a mis en place tout un arsenal juridique et réglementaire qui donne le droit à un enfant autiste à la scolarisation. Il y a plus de 700 écoles spécialisées où l'éducation est menée et des traitements appropriés sont prescrits à des enfants handicapés, y compris l'autisme. La loi polonaise garantit aux enfants et jeunes handicapés la possibilité de bénéficier d'un enseignement dans tous les types d'écoles, selon les besoins et les prédispositions individuels, ainsi que la prise en charge de ces élèves en leur permettant de poursuivre le cycle d'apprentissage individualisé et de formes différentes d'activités de revalidation. Le système d'éducation dédié aux élèves handicapés a été créé comme une partie intégrante du système éducatif en Pologne. Il assure aux élèves la possibilité d'accomplir l'obligation légale de scolarisation dans les écoles maternelles et primaires publiques, écoles d'intégration, écoles spéciales, divisions spéciales organisées dans les écoles ordinaires, au plus près du lieu de résidence des enfants concernés, écoles spéciales qui les préparent pour le travail. Lors de ma dernière visite en Pologne, j'ai appris que depuis 2005 le gouvernement polonais a lancé un nouveau programme dans le système éducatif polonais : le soutien précoce au développement des enfants à partir du moment de la détection du spectre d'autisme (c'est-à-dire dès les premières semaines de vie) jusqu'à la scolarisation. À l'heure actuelle, ce programme est mis en œuvre dans plus de 350 établissements d'enseignement public et dans 66 établissements privés. Comment les spécialistes polonais peuvent-ils aider les enfants autistes algériens ? D'abord, à cause de la barrière de la langue, puis de la distance géographique... Oui, c'est vrai. Peu de gens en Pologne parlent français, et bien moins encore l'arabe. Donc, il ne faut pas s'attendre à ce que des thérapeutes polonais travaillent avec nos enfants. Mais nous pouvons bien envisager l'organisation d'un cycle de formation régulier d'éducateurs et de thérapeutes algériens avec des interprètes à l'appui. Les thérapeutes polonais sont très bien préparés et ont un savoir-faire non négligeable. J'ai pu le voir non seulement lors de ma visite en Pologne, mais aussi lors du premier séminaire polono-algérien que j'ai organisé le 24 janvier 2015 à Alger. Au cours de cette première rencontre sous forme de table ronde, j'ai fait venir deux thérapeutes polonais qui ont animé des conférences sur la méthodologie d'approche sur le spectre de l'autisme et ils ont expliqué comment ils travaillaient avec les enfants autistes dans leurs écoles spécialisées. J'ai également remarqué que l'ensemble des participants a été agréablement surpris par le niveau de connaissances et de compétences pratiques des intervenants polonais. our cette raison, j'ai décidé de poursuivre mes efforts, et voilà, nous sommes à la veille de la tenue d'un congrès sur l'autisme en Algérie qui coïncide avec la célébration de la Journée internationale sur l'autisme, mais, cette fois, avec la participation de six experts polonais et du directeur du bureau du délégué du Premier ministre polonais. Qu'espérez-vous concrètement des rapports des ateliers de ce congrès sur l'autisme ? Je suis persuadé que l'union de toutes les motivations et de toutes les énergies va contribuer à favoriser le développement de prises en charge innovantes destinées à accompagner les enfants autistes vers l'autonomie et l'intégration sociale. Car, avant tout, ce sont tous nos enfants. O. A.