L'avancement du programme des 230 000 logements bute sur des problèmes fonciers et de capacités de réalisation des entreprises de construction. Des dizaines de milliers de postulants s'inquiètent. Recevront-ils leurs logements dans les délais fixés par le ministère de l'Habitat ? Sur le terrain, la situation paraît claire. "Pour la grande majorité des 50 000 logements prévus dans la capitale dans le cadre du programme des 230 000 logements destinés aux bénéficiaires ayant déposé leur dossier en 2001- 2002, le taux d'avancement des travaux varie entre 10 et 40%", rapporte le président de l'association Assirem, Hamid Rekkas, après une visite des chantiers. Cette association représente les intérêts des 40 000 postulants au programme 2001-2002. C'est donc se leurrer que de croire que ces logements seront achevés fin 2015. Pour les logements dont les travaux ont démarré à l'automne 2013, le taux d'avancement est de 40%. Il s'agit des sites de Djenane Sfari (Birkhadem) où sont prévus 3 000 logements, Ouled Fayet (3 000 logements) et Zaâtria à Sidi-Abdellah (1 500 logements). Ces logements seront prêts le 2e semestre 2016, si tout se passe bien, en tenant compte des délais moyens admis en Algérie (2 à 3 ans). À Zéralda, le chantier de réalisation de 10 000 logements a démarré le mois de septembre 2014. Le taux d'avancement des travaux est juste de 10%. Sur un site de 5 000 logements à proximité, les travaux viennent juste d'être lancés. Quant à celui de Réghaïa de 5 000 logements, même topo : les travaux viennent juste d'être lancés. Pour ces sites, la réception des logements s'effectuerait le 2e semestre 2017, voire le 1er semestre 2018, si tout se passe bien. Le site de Sidi-Abdellah doit recevoir 37 000 logements AADL. Une grande partie de ce programme n'a pas démarré. "Le chantier de construction de 19 000 logements n'a pas été encore lancé", ajoute le président de l'association. Si on est optimiste, ces logements seront prêts en 2018. Selon une source sûre, ces grands retards dans les chantiers sont dus à des problèmes d'accès au foncier, de régularisation foncière et aux insuffisants moyens humains et matériels de certaines entreprises de réalisation. En somme, la réception de la grande partie de ces logements s'effectuera entre 2016 et 2018. Ils sont 40 000 postulants de 2001 et 2002 à être prioritaires sur ces 50 000 logements. L'autre inquiétude est l'affectation des logements. Le ministère de l'Habitat a indiqué que l'affectation du logement interviendra à 70% du taux de réalisation. Une décision difficile à appliquer eu égard aux risques de protestation des postulants dont les logements seront livrés tardivement, estime un spécialiste du dossier. Il est plus logique que les affectations soient adressées à la réception du logement et que la deuxième tranche soit versée à la remise des clefs, la troisième un an plus tard. Quant à la liste négative, c'est encore une fois un garde-fou pour éviter que des logements soient attribués à des demandeurs qui ont déjà un logement, un terrain ou bénéficié d'une aide financière de l'Etat ou d'un crédit immobilier. Le filtre, à savoir une vérification auprès du fichier national du logement, est actionné avant chaque versement, insiste l'AADL. Paradoxalement, selon une source du ministère de l'Habitat, le programme LPP destiné aux couches moyennes supérieures avance bien. Le nombre de demandeurs estimé à 37 000 est bien inférieur à l'offre 150 000 logements. Il est fort probable qu'une partie que ces postulants aura son logement bien avant ceux de 2001 et 2002 dont la demande est en souffrance depuis 14 ans ! Quant au lancement du programme AADL 2, on n'a pas encore identifié toutes les assiettes foncières. La construction des 400 000 logements prévus dans le programme quinquennal 2015-2019 n'a pas démarré, du moins dans sa grande partie. Ainsi, si les entraves à l'accélération du programme AADL 1 ne sont pas levées, il est vain de s'attendre à ce que celui d'AADL 2 soit achevé dans les délais, c'est-à-dire au plus tard en 2018-2019. K .R.