À l'appel de la coordination des villages d'Ath Mendès sur les hauteurs de Boghni (45 kilomètres au sud de Tizi-Ouzou), la population a fermé, mardi, le siège de la daïra, la mairie, la conservation foncière et le service des domaines. Devant ces quatre administrations, des dizaines de villageois étaient rassemblés dans une organisation parfaite. Sur les différentes banderoles et pancartes, on pouvait lire Thiniri Mendès, Patrimoine intouchable, Pour se taire, rendez-nous nos terres, Dénonçons le complot administratif et Force est à la loi et non à la spéculation. Cette action a été décidée par la coordination après une autre action tenue mercredi dernier au siège de la wilaya de Tizi-Ouzou. "Le wali nous a accordé une audience. Il a déclaré qu'il fera tout pour réparer cette injustice. Mais, nous avons appris que le dossier était au stade initial et nous avons peur. C'est pourquoi nous avons initié cette action", nous déclarera un membre de la cellule de communication de cette coordination. Cette dernière décidera en présence des correspondants locaux de tenir un point de presse où ses membres donneront des explications au sujet de cette affaire qui défraie la chronique dans toute la localité. "Cette action a été décidée par l'aârch Nath Mendès pour dénoncer l'injustice et la transgression des lois de la République par les autorités locales, régionales et même nationales concernant le foncier au niveau du lieudit Thiniri-Mendès", commencera, d'emblée, le porte-parole de cette cellule de communication. Avant de donner un petit rappel historique de cette oliveraie de 128 hectares. "Cette oliveraie appartenait à l'Aârch Nath Mendès jusqu'en 1870. Suite aux sinistres lois scélérates du sénatus-consulte, elle avait été donnée aux colons car notre aârch avait pris part aux révoltes d'El Mokrani et de Boubaghla. Au début de la guerre de Libération nationale, les colons étaient partis. Alors, le FLN-ALN avait interdit toute transaction avec les colons. Une famille avait saisi l'occasion et elle avait acheté une partie de ces terres. En 1963, ces dernières étaient mises sous la protection de l'Etat. Nos habitants sont alors devenus des usufruitiers jusqu'au début des années 90 avant qu'elles ne soient restituées à la famille en question. Décision que nous avions dénoncée. Suite à cela, l'administration a procédé à son annulation. En septembre 2004, il y a eu même un choix de terrain dans une partie de cette oliveraie pour la réalisation d'une unité de la Protection civile. Ensuite, le projet a été délocalisé pour opposition. Au mois de mars 2015, nous avons appris que la famille a gagné son procès face aux Domaines devant la chambre administrative du tribunal de Tizi Ouzou et même des livrets fonciers ont été préparés au bénéfice de cette famille. Ce que nous dénonçons car la loi 90-25 ne concerne que les terres nationalisées dans le cadre de la Révolution agraire. Par ricochet, ces terres ne peuvent être restituées à cette famille", expliquera le même intervenant. Et à un autre de poursuivre : "Nous ne serons pas contre si ces terres seront versées dans le domaine de l'Etat pour être utilisées aux projets d'utilité publique s'il y a nécessité de recourir à cela, mais nous nous opposerons au fait de les brader pour cette famille. Nous dénonçons, donc, cette compromission car Thiniri Mendès mérite d'être sauvegardée et même d'être classée au patrimoine mondial de l'Unesco", soulignera un deuxième intervenant. Celui-ci déclarera qu'aux dernières nouvelles, les domaines ont introduit un recours au près du Conseil d'Etat afin de réparer cette injustice. Interrogé sur la durée de cette action, celui-ci répondra qu'elle se poursuivra jusqu'au jeudi. "Au terme des trois jours, nous ferons son évaluation puis nous déciderons de la suite à lui donner", conclura le dernier intervenant. O. G.