Le secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire auprès du ministre français de la Défense, Jean-Marc Todeschini, était, hier, dans la wilaya de Sétif, dans le cadre de la commémoration du 70e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 qui avaient fait 45 000 morts. Ce déplacement d'un membre du gouvernement français est perçu par certains observateurs comme une forme de reconnaissance de la France des crimes qu'elle a commis contre les Algériens pendant la colonisation. D'autres, par ailleurs, notamment les historiens, pensent que cette visite est insuffisante, et attendent des actions plus concrètes à même de permettre aux deux pays de mieux regarder, ensemble, vers l'avenir et, du coup, rapprocher davantage les deux peuples. "Je pense que cette visite n'a de sens que si elle est suivie d'une autre où les officiels français reconnaîtront les crimes perpétrés le 8 Mai 1945, afin de donner aux martyrs le statut qu'ils méritent", confie un ancien moudjahid. Et d'ajouter : "Nous ne faisons pas de chantage, mais nous insistons pour que les officiels français reconnaissent les crimes de la France colonialiste en Algérie. C'est une condition pour éviter que la guerre des mémoires ne dure encore plus longtemps." Cela dit, le représentant du gouvernement français, accompagné du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, de l'ambassadeur de France en Algérie, du consul général de France à Annaba, ainsi que des journalistes de plusieurs organes de la presse française, s'est rendu à la stèle commémorant le 8 Mai 1945 où il a déposé une gerbe de fleurs à la mémoire de Saâl Bouzid, première victime des massacres. "Le président M. François Hollande a évoqué, lors de sa visite à Alger, en 2012, les souffrances de la colonisation. Notre visite vient traduire ses paroles en actes", dira Jean-Marc Todeschini. Il est à rappeler que Son Excellence l'ancien ambassadeur de France à Alger, M. Hubert Colin de Verdière, avait reconnu, lors d'une visite effectuée à Sétif, le 27 février 2005, la responsabilité de la France dans les massacres du 8 Mai 1945, en évoquant une "tragédie inexcusable". Il est à rappeler aussi que lors de sa campagne électorale, François Hollande avait promis que l'Etat français procéderait à la reconnaissance des crimes perpétrés par la France en Algérie. F. S.