À l'initiative du mouvement associatif dans les Aurès, mais aussi des membres du bureau régional du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un très grand nombre de militants de la revendication identitaire berbère, aussi bien les anciens membres fondateurs du mouvement culturel amazigh que la nouvelle génération se sont retrouvés à la place de la Liberté au centre de la capitale des Aurès, Batna, à l'occasion de la célébration du 35e anniversaire du Printemps berbère. Beaucoup de jeunes militants et sympathisants ont fait le déplacement des quatre coins du pays chaoui, et surtout des wilayas et de l'arrière-pays. En effet des citoyens de Khenchela, de Biskra, d'Oum El-Bouaghi mais aussi de Tébessa, ont pris la route tôt avant-hier matin (20 avril) pour être au rendez-vous. D'autres militants, mais aussi de simples citoyens ont fait le voyage des zones rurales de la wilaya de Batna à l'exemple de Arris, de Merouna, de T'kout, de Ngaous, d'Imsounine, de Thagouth... Des bus, qui d'habitude font la navette entre différents villages et Batna, ne transportent, ce jour-là, que des manifestants. C'est vers 10 heures, après l'arrivée de ces citoyens, dont certains ont fait plus de 200 km, que les organisateurs débutent leur sit-in dans une atmosphère conviviale et de fête. Les manifestants ont déployé leurs banderoles et scandé, haut et fort, différents slogans que le mouvement amazigh a fait siens. Si la revendication une et première pour ce 20 avril 2015, n'est autre que l'officialisation de tamazight qui était sur toutes les lèvres et les pancartes, et ce, depuis la naissance de ce mouvement, les citoyens, plus de 200 présents au sit-in, n'ont pas omis de rendre hommage aux victimes du Printemps noir. "Cet effort et ce devoir de mémoire ne doivent jamais cesser", nous ont déclaré les manifestants qui considèrent les victimes comme des martyrs, pour que tamazight retrouve la place qui lui revient dans son propre pays. Beaucoup de manifestants ont profité de cette occasion pour exprimer également leur soutien aux habitants du Sud dans leur lutte contre l'exploitation du gaz de schiste, alors que pour d'autres "l'organisation de la manifestation ‘Constantine capitale de la culture arabe', est une aberration". Car, selon eux, "Cirta n'a pas vu le jour hier. C'est une cité millénaire et ce qui se passe est réducteur", nous dit un ancien initiateur et fondateur du mouvement culturel amazigh à Batna. "Je suis Cirta", "Solidaire avec nos frères du sud", "Tamazight langue officielle", "Algérie millénaire et non jeune nation", sont entre autres slogans scandés ou brandis par les manifestants, qui étaient à la hauteur de l'événement puisque aucun incident ou débordement n'a été enregistré. Les services de sécurité, présents, mais discrets, sont restés loin du sit-in. Vers midi les manifestants se sont dispersés dans le calme. R. H.