Cinq avocats du barreau d'Oran observent une grève de la faim illimitée depuis mercredi dernier, au siège du MDS à Alger. Au 4e jour de cette grève, l'état de santé de l'un d'eux s'est détérioré. Me Belkacem Saïdoune Souad, diabétique, est affaiblie. Elle a fait une hypoglycémie qui risque de s'aggraver si elle ne s'alimente pas. Un médecin suit l'évolution de son état. Rencontrée hier, l'avocate montrait les signes d'un grand affaiblissement. Ces juristes sont en grève de la faim pour, rappelons-le, dénoncer "l'abus d'autorité du bâtonnier, Me Haouari El-Wahrani". Ils accusent ce dernier de détournement de l'argent du barreau, mais aussi d'être à l'origine de fortes pressions exercées sur les avocats qui "refusent d'abdiquer" face à son autorité. La grève de la faim a été entamée par trois avocats, Mes Naït Salah, Belkacem Saïdoune Souad et le jeune stagiaire Boutaleb, avant d'être rejoints par deux de leurs collègues, en l'occurrence Me Saker Djamel et Me Bendaoud Abdelkader. Ce dernier, ex-expert national à la commission de réforme de la justice, explique que l'objectif de cette action "est de montrer que la loi 13-07 portant organisation de la profession d'avocat est injuste". Il a indiqué que celle-ci "comprend des vides", que seul Me Sellini "avait dénoncé au moment de sa promulgation". Interrogé sur ce qu'il dénonce au sein du barreau d'Oran, il a indiqué que Me Haouari El-Wahrani "est comme un roi dans la jungle", mais "il n'a pas l'éthique d'un roi". Plus loin, il précise que son action vise à sauvegarder la dignité des avocats. Accusé d'être propriétaire d'un second cabinet à Alger, ce qu'il conteste par ailleurs, Me Bendaoud évoque, lui, "un comportement de jalousie de la part du bâtonnier". Quant à Me Saker Djamel, il est accusé, à tort, a-t-il expliqué, d'avoir introduit "une omission d'office". "J'ai été emprisonné sur la base d'une présumée demande de ma part, alors que je ne l'ai jamais faite", a-t-il affirmé, regrettant qu'aucune autre union des avocats ne s'est solidarisée avec eux. Concernant le jeune stagiaire Me Boutaleb, il a expliqué qu'il est victime d'une violation caractérisée de la loi. Il a indiqué qu'"avant, la durée du stage était de 9 mois, mais depuis la loi 91-04 du 29 octobre 2013, elle est de deux ans", soulignant que le bâtonnier "a innové dans la corruption en la limitant à une année". Me Boutaleb a ajouté que le bâtonnier a exigé des autres "de valider le rapport financier, alors que la loi l'interdit, en contrepartie de validation de leur attestation de stage". Pour ce jeune stagiaire,"cela relève de la corruption" et que "l'Union nationale des avocats est incapable de résoudre ce problème". M.M.