L'ancien chef de gouvernement et chef du parti Talaiou El-Houriyet, Ali Benflis, a dénoncé la censure qui frappe les médias et l'emprisonnement ainsi que le harcèlement des journalistes. Ali Benflis a profité de sa sortie médiatique, hier, coïncidant avec la Journée mondiale de la liberté de la presse, pour discourir sur les conditions d'exercice de la profession de journaliste en Algérie. La majeure partie de la déclaration liminaire de cette conférence de presse a été consacrée à la situation de la liberté de la presse en Algérie qui, à ses yeux, s'exerce dans des conditions "particulièrement difficiles" et "défavorables au droit à l'information". Ali Benflis a ainsi énuméré des faits pour illustrer son propos, rappelant la censure d'une émission de télévision, le "retrait arbitraire" d'accréditation à un journaliste algérien correspondant d'un quotidien étranger et que "des journalistes sont toujours emprisonnés sans jugement". Dans ce sillage, Ali Benflis a contesté la légitimité de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, la qualifiant de "non constituée et douteuse" tout en lui attribuant la censure de ladite émission de télévision. Il a également rappelé la perquisition à la veille de l'élection présidentielle de 2014 de la chaîne Atlas TV, contrainte, selon lui, à "cesser d'émettre juste pour faire taire les voix dissonantes en faveur de la candidature du régime". Ali Benflis n'a pas manqué de dénoncer l'usage par le régime politique de la publicité comme instrument de musellement des médias ainsi que la logique clientéliste qui prévaut au sein du régime, lequel, a encore asséné l'ancien chef de gouvernement, ferme les médias publics à l'opposition. Et de regretter le retard qu'accuse la libération de l'espace médiatique, qualifiant l'ouverture concédée jusque-là de "privatisation qui a permis à l'argent douteux de faire irruption dans l'espace médiatique". Avant de suggérer : "La vision des médias comme clientèle et comme relais rentiers doit changer." Par ailleurs, l'ancien chef de gouvernement et chef du parti Talaiou El-Houriyet, Ali Benflis, a remis en cause l'indépendance de la justice en abordant les procès des affaires de corruption dont les révélations défraient la chronique algérienne depuis quelques semaines. "Les procès se suivent et se ressemblent. Ils ont trois points communs, à savoir une instruction bâclée, un jugement de seconds couteaux et une impunité des décideurs. Il faut s'attendre à tout en l'absence d'une justice indépendante", a-t-il déclaré. Quant au projet de la nouvelle Constitution, il a estimé que l'amendement de la Constitution ne peut constituer une solution à la crise du régime pour la simple raison, a-t-il dit, que c'est une crise de "légitimité" qu'il faut résoudre par des élections transparentes à tous les niveaux. "Une Constitution ne peut être la solution que si elle émane de la volonté populaire représentée par de vrais élus", a-t-il conclu. L. H.