Le patron de l'entreprise pharmaceutique la plus importante du pays indique que le projet d'insuline de Constantine connaît un avancement de 86% et qu'il sera achevé en mars 2005. Le groupe Saidal compte achever l'exercice actuel en concluant son bilan annuel par un chiffre d'affaires de 7 milliards de dinars comme cela était prévu. À deux semaines de la fin de l'année, les responsables de l'entreprise pharmaceutique sont optimistes quant à la réalisation de cet objectif. Jusqu'à fin novembre, le chiffre d'affaires était estimé à 6,2 milliards de dinars, soit plus de 200 millions de dinars par rapport à l'année dernière. La société est également bien partie pour concrétiser les autres prévisions… pas toutes cependant. Saidal réaliserait 95 % de ses objectifs si les aléas du programme d'importation de médicaments, soulignera M. Aoun, P-DG du groupe, ne venaient pas perturber le bon fonctionnement des activités. Il constate que les demandes de visa d'importation déposées par les importateurs au ministère ne sont pas suffisamment étudiées ni consolidées par les responsables chargés de cette activité. "Plus de 60 % des opérateurs importent des médicaments fabriqués déjà localement", déplore-t-il. La facture annuelle de 1 milliard de dollars, confirmera-t-il, en reprenant les statistiques officielles, alors que pour certaines pathologies, notamment les maladies chroniques, les médicaments sont inexistants en Algérie. Or, la tutelle dispose d'un instrument indéniable pour réguler le marché, à savoir ce visa d'importation. Dans son intervention lors du forum du journal Djazaïr News, M. Aoun avoue, cependant, que ce programme d'importation conçu par le ministère de la Santé a permis à l'entreprise de s'adapter aux nouvelles donnes du marché. Une telle décision de la part de la tutelle n'a pas été, néanmoins, sans conséquences sur la production de Saidal qui s'est retrouvée avec un stock d'un mois et demi d'une valeur de 2,5 milliards de dinars, soit 30% du chiffre d'affaires. Il n'en demeure pas moins que le groupe, selon son P-DG, escompte atteindre un bénéfice net de 1 milliard de dinars à la fin 2004. Plus de 120 millions d'unités-ventes ont été produites et vendues durant l'exercice actuel, soit une hausse de plus de 11% par rapport à l'année 2003. Un bilan pareil on ne peut plus positif, affirmera le premier dirigeant de Saidal, offre toutes les prédispositions au groupe pour une ouverture de son capital plus conséquente. "D'ici à la fin de l'année 2005, le capital de l'entreprise doit être ouvert à 80%", révélera M. Aoun. Les investisseurs intéressés, réitère l'invité au forum, doivent non seulement ramener les capitaux, mais la technologie aussi. Abordant la lancinante question de l'insuline et le projet de l'usine de Constantine, l'hôte de Djazaïr News martèlera : "La décision a été prise il y a une année, l'état d'avancement du projet est à 86%, et l'usine commencera sa production vers la fin du mois de mars 2005." Des produits étrangers interdits dans leur pays d'origine commercialisés en Algérie Le conférencier a, par ailleurs, annoncé une série de 10 recommandations qui se veut, a-t-il indiqué, une modeste contribution du groupe pour la relance du secteur en Algérie. M. Aoun propose dans ce sens la création d'une cellule de veille pour la pharmaco-vigilance qui sera chargée de surveiller les médicaments dangereux par leurs effets secondaires à long terme ou ceux qui sont commercialisés en Algérie, alors que dans leur pays d'origine ils sont supprimés et interdits à la consommation. Il demande la suppression du droit du pharmacien de substituer un médicament par un autre et l'encouragement de la part des pouvoirs publics pour la consommation du médicament générique. "Que la tutelle accorde l'autorisation de développement de médicaments nouveaux en remplacement à ceux jugés obsolètes", revendique-t-il encore. Le marché national est, selon M. Aoun, composé de 85 importateurs travaillant avec une dizaine de laboratoires étrangers qui disposent de 60% de parts de marché, alors que Saidal seule détient 40%. Le groupe compte également ouvrir 3 unités de conditionnement de solutés massifs (sérums) au sud du pays. Ce projet permettra de réduire les frais de transport et de créer de l'emploi… Les lois de la République, suggère-t-il, doivent offrir le choix au malade algérien pour la consommation de médicaments produits localement. Pour cela, des solutions, avoue-t-il, existent. Si l'on réduisait chaque année la facture du médicament de 10%, l'Etat gagnerait plusieurs dizaines de millions de dollars ; une enveloppe considérable à placer pour l'investissement dans de nouvelles unités à créer. B. K.