L'insuline, produite depuis déjà deux mois, sera disponible à partir de mai prochain à moins de 500 DA le flacon. “Quels que soient les méandres qui l'ont entouré et les tergiversations dont il a fait l'objet depuis une décennie, aujourd'hui, le projet d'usine d'insuline n'est plus un rêve, mais une réalité”. Ali Aoun, président-directeur général du groupe Saidal, estime que son entreprise a respecté ses engagements et tenu ses promesses vis-à-vis des 800 000 diabétiques algériens. Il affirme que l'insuline produite déjà depuis deux mois dans l'unité de Constantine est conforme et sera sur le marché, au plus tard au mois de mai prochain, à des prix intéressants évalués entre 440 DA (Rapid) et 445 DA (Basal et Combi). L'entreprise est actuellement en train de constituer un stock suffisant pour éviter toute rupture de ce médicament ô combien sensible et indispensable pour les malades. Mieux, l'unité est conçue de sorte à ce que les besoins du marché soient suffisamment couverts jusqu'à l'horizon 2011. Ses capacités installées actuelles sont de 5 millions de flacons/an. La prouesse de Saidal se veut aussi une réponse aux incrédules qui, par jalousie ou mauvaise foi, n'ont pas cru en les capacités des cadres dirigeants de cette entreprise. L'usine d'insuline a, selon M. Aoun, démystifié la réalisation de ce type de projets et la production de ce genre de médicaments en Algérie. Interrogé sur la réflexion faite par le président de la République au cours de l'inauguration de l'usine qui ne l'a pas “dispensé en tant que responsable de Saidal des méandres par lesquels est passé ce dossier d'insuline”, M. Aoun répondra : “Quand on est responsable, on assume ses responsabilités. Je ne fuis pas mes responsabilités. J'ai été impliqué pour, justement, barrer la route aux tergiversations et mettre un terme à ces méandres. Et aujourd'hui, celles-ci sont éliminées puisque l'usine en question est en production grâce au groupe Saidal.” Cartouches stylos d'insuline en 2007 La production de l'insuline va, certes, gêner quelques individus qui seraient probablement à l'origine des tentatives de sabotage qu'ont failli subir quelques équipements essentiels de l'usine 15 jours avant leur mise en fonction. L'enquête suit toujours son cours. L'usine a coûté près de 13 millions d'euros dont 10 millions en devises et le reste en dinars. Quand on sait que le marché de l'insuline, qui est essentiellement importé jusque-là, est estimé à environ 15 millions d'euros, les pouvoirs publics auraient dû réaliser ce projet d'usine de production, il y a au moins 30 ans. L'entreprise a pour objectif de produire à l'avenir les cartouches et les stylos d'insuline. Les études sont, estime le P-DG, achevées. Le groupe est à la recherche de sources de financement pour concrétiser ce projet. Il est fort possible que ces deux produits soient disponibles, avoue M. Aoun, vers la fin de l'année 2007. Invité de l'émission “Questions de l'heure” de la radio Chaîne III, le patron de Saidal a affirmé encore une fois que la facture incompressible du médicament estimée à 1 milliard de dollars US continue d'ouvrir les appétits et de donner lieu à des lobbies. “Elle est incompressible, car personne ne peut faire l'impasse sur le médicament qui est un produit vital”, précisera-t-il. Détenant plus de 42,5% de parts de marché en volume, le groupe, soulignera le premier responsable de Saidal, a un seul but : répondre à la demande, maintenir et créer l'emploi. “Saidal est un soutien à la politique de santé prônée par l'Etat”, indiquera-t-il. Dans ce sens, et comme promis par son P-DG il y a un mois, le groupe Saidal vient de commencer la production de son médicament contre la grippe aviaire, l'antiviral Saiflu. Les premières boîtes sont sorties il y a quelques jours de l'usine Biotic implantée dans la commune de Gué-de-Constantine à Alger. Un projet pour la Kabylie Un premier lot de 50 000 boîtes de Saiflu sera donc disponible sur le marché national. En fait, ces quantités seront destinées à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Néanmoins, Saidal a obtenu toutes les autorisations nécessaires, à savoir l'AMM (autorisation de mise sur le marché) et le CLV (certificat de libre vente) de la part du ministère de la Santé afin de vendre son produit aux officines. Le prix de vente est de 1 375 DA la boîte de 10 gélules à 75 milligrammes. Depuis l'application il y a trois jours des prix de référence, le chiffre d'affaires journalier de Saidal est passé de 35 millions de DA à 70 millions de DA. Avec une capacité de production de 150 millions d'unités-vente/an et une gamme de 185 produits, Saidal est classée, a déclaré M. Aoun, leader régional dans la fabrication du générique. La consommation de ce dernier est, ajoutera-t-il, estimée actuellement à plus de 40%. Par ailleurs, il affirmera qu'une bourse, qui ne reflète pas la bonne santé de l'activité économique d'une entreprise, n'en est pas une. Saidal est à ce propos en négociations avec des partenaires pour une éventuelle privatisation par le biais d'une ouverture du capital. Toutefois, précisera M. Aoun, l'Etat doit sauvegarder ses actions dans le capital de Saidal à hauteur de 30%. Outre ses performances au plan local, Saidal exporte ses produits vers 6 pays, à savoir le Niger, le Mali, le Burkina-Faso, le Sénégal, le Yémen, le Soudan, le Mexique et l'Italie. Le chiffre d'affaires réalisé dans ces opérations a atteint 80 millions de DA/an. C'est modeste mais l'essentiel est de se placer sur ces marchés. Le groupe continue, en outre, à concrétiser les projets tracés dans son programme. Il s'agit de Taphco lancé avec des partenaires saoudiens-jordaniens, d'un montant de 25 millions d'euros qui entrera en production en 2007. Un autre projet sera également lancé bientôt dans la région de Kabylie. Badreddine K.