A la joie des trois millions de diabétiques algériens, le nouveau produit Saidal sera cédé à 430 DA le flacon. C'est désormais une réalité et une bonne nouvelle pour les diabétiques. L'Algérie a sa propre usine de production d'insuline après plusieurs tentatives infructueuses, dont les péripéties remontent à l'année 1994. Hier à Constantine, le P-DG du groupe Saidal, Ali Aoun, accompagné de son staff, a fait visiter aux journalistes de la presse nationale la nouvelle usine de production d'insuline, la troisième du genre qui existe au niveau du continent africain, précisément en Afrique du Sud et en Egypte. «Nous effectuerons les premiers essais au mois de juin prochain pour passer à la commercialisation de trois variétés d'insuline : la basale, la rapide et la comb 25, ce qui constitue 80% des besoins nationaux», a déclaré Ali Aoun, lors de la conférence de presse qu'il a organisée en marge de la visite du site. Les flacons d'insuline fabriqués à Constantine seront cédés à 430 DA. Débutés en avril 2004, les travaux de réalisation de cette usine, financée à 100% par le groupe Saidal, sont achevés à 99%. L'usine, qui produira 5 millions d'unités et générera un chiffre d'affaires de 2 millions de dinars, emploie 70 travailleurs, dont 12 ont été formés en Allemagne aux laboratoires Aventis. «Il a fallu plusieurs mois de négociations avec Aventis pour aboutir à ce partenariat qui s'étale en principe sur cinq ans», a ajouté M.Aoun qui souligne cependant que son groupe «est en mesure de changer de partenaire à chaque instant, si des problèmes surgissent avant l'arrivée à terme de cette échéance de partenariat». Chat échaudé craint l'eau froide, le P-DG de Saidal s'explique: «Nous ne sommes pas près de refaire l'expérience de Novo Nordisk qui nous a fait subir un chantage pendant quinze ans.» A travers cette réalisation, le groupe Saidal vient de relever un véritable défi tant la production d'insuline, à Constantine, libérera le pays de plusieurs contraintes, souvent imposées par les pays producteurs. Le défi revêt également un caractère stratégique pour l'Algérie, qui compte environ trois millions de diabétiques, dont près de 800.000 insulino-dépendants. Cela sans compter que la facture d'importation d'insuline varie en Algérie, de 15 à 20 millions de dollars annuellement. «C'est un honneur pour l'Algérie que de pouvoir fabriquer ce produit stratégique de par son coût et la possibilité d'accession aux malades. Le projet est éminemment éthique et moral», a déclaré, satisfait, l'ancien ministre de la Santé, Abdelhamid Aberkane, qui a assisté, le même jour de la visite de la nouvelle usine, au 3e Séminaire international sur le médicament générique, organisé à la faculté de médecine de Constantine, toujours par le groupe Saidal. Si l'usine fait la joie des diabétiques, il est évident qu'il n'en sera pas de même pour certains acteurs qui agissent dans le créneau pharmaceutique particulièrement juteux et dont la concurrence est tout simplement féroce. L'ex-ministre de la Santé l'a d'ailleurs subtilement suggéré dans sa brève déclaration à la presse, quand il a affirmé: «Une pareille réalisation ne fait plaisir ni à certains grands industriels, encore moins à ceux qui ne veulent pas une certaine autonomie pour l'Algérie.» De son côté, le P-DG s'est dit prêt à défendre sa part de marché en Algérie. «Nous savons que nos concurrents ne resteront pas les bras croisés, mais nous avons les moyens d'imposer notre produit sur le marché (l'insuline, Ndlr). Notre arme ce sont les prix. Nous avons les moyens de casser les prix, car Saidal ne fabrique pas un seul produit, mais elle en fabrique 160», a déclaré M. Aoun d'un ton sûr. Tout aussi, d'ailleurs, quant à l'avenir de son groupe, alors que l'Algérie vient de signer les accords d'association avec l'Union européenne et s'apprête à adhérer à l'OMC. «Nous ne voyons aucun danger pour Saidal. L'ouverture du marché du médicament en Algérie n'a pas attendu les accords d'association ni l'adhésion à l'OMC. Nous sommes le seul pays au monde où existent 120 importateurs, et les grands producteurs mondiaux se sont installés dans notre pays. Et avec une pareille concurrence, notre part de marché croît chaque année de 10 à 15%», a appuyé le P-DG du groupe Saidal.