Cinquième chapitre : Malgré elle... Résumé : Les voisins ont appelé une parente médecin au chevet de Maria. Celle-ci a fait un pic de tension. Dr Semra lui conseille du calme et un régime sans sel. Salem s'en veut. Maria a peur de le perdre. Elle continue de mentir, pour qu'il n'ait plus envie de chercher après ses grands-parents... Salem n'a pas dormi de toute la nuit. Il est resté dans la chambre, assis sur un tapis, appuyé à la garde-robe. Il en a profité pour regarder tous les albums. L'adolescent s'est vu grandir au fil des clichés. Le bonheur se lit sur son visage. Il a toujours été heureux avec sa mère. Elle a toujours fait le maximum pour qu'il soit bien élevé et qu'il ne manque de rien. Quand il ferme l'album à chaque fois qu'elle bouge dans son sommeil, il l'entend murmurer des paroles inaudibles. Il se serait bien approché pour mieux écouter, mais il craint qu'elle ne se réveille et qu'elle ait un pic de tension en le découvrant. Il reprend l'album et regarde les photos de ses parents. Il regrette que son père soit mort. Même s'il ne s'était jamais plaint, il avait ressenti son absence. à chaque fois, sa mère lui disait qu'il était mort. Maintenant qu'il est en âge de comprendre, il voudrait un vrai contact avec sa famille d'origine. Il regrette que ses grands-parents aient douté de sa mère qui n'avait pas refait sa vie depuis. S'il était encore de ce monde, les choses auraient été différentes pour eux. Maintenant qu'il connaît leur histoire, il voudrait que sa famille d'origine connaisse la vérité. Il doit bien exister un moyen de leur prouver qu'il est des leurs. Il a conscience que malgré tout, il ne portera pas un autre nom que celui de sa mère. Une mère qu'il adore et qu'il a fait souffrir la nuit passée. Il ne doit plus parler de ça. Il ne veut pas qu'elle meure par sa faute. Son envie de se rapprocher des siens a failli tuer la seule famille qu'il a. Pour se faire pardonner, dès 7h, il sort acheter des croissants chauds et du jus d'orange. Il revient préparer le petit-déjeuner et prend le tout dans un plateau. - Maman, réveille-toi ! Il est 7h 30 ! lui dit-il en touchant son épaule. Bonjour maman ! Maria se réveille doucement. - Sbah el-kheir omri ! dit-elle en souriant avec tendresse. C'est quoi ? demande-t-elle en haussant les épaules. Oh que c'est gentil ! Il ne fallait pas ! Maria est émue. Elle se redresse et il glisse un coussin derrière son dos pour qu'elle soit confortablement installée. Il pose le plateau devant elle. - Des croissants ! Du jus ! Du lait au chocolat ! Des fruits... Mais c'est un petit-déjeuner de roi !, s'exclame-t-elle. En quel honneur ? - Oui, avec du chocolat, dit Salem. Le médecin a dit pas d'excitant ! lui rappelle-t-il. Tu commences par du jus ? - Oui, merci mon fils ! Quelle heure est-il ? demande-t-elle. - 7h45 ! Pourquoi ? - Mais qu'est-ce que tu fiches ici ? Tu devrais être en route pour l'école ! - Je préfère rester avec toi ! Tu es souffrante ! Et c'est de ma faute ! reconnaît-il. Je veux me faire pardonner en m'occupant bien de toi ! - Tu n'as rien à te faire pardonner, répond-elle. Allez, file te préparer ! Je ne veux pas te voir ici ! Rater tes cours pour me dorloter ! On aura tout vu ! - Calme-toi maman ! Tu ne dois pas t'énerver ! Le médecin a dit du calme et du repos ! On ne doit pas se disputer pour rien ! Il faut bien que quelqu'un prenne soin de toi ! - Je me débrouillerai, mais toi, soit tu pars, soit je vais crier ! Je vais piquer une crise ! Tu ne rateras jamais l'école de mon vivant ! C'est clair ? - Oui, oui... Salem se rend dans sa chambre et prend son cartable. Il passe l'embrasser, prend un croissant et part en courant. Maria soupire en entendant la porte d'entrée claquer. Enfin seule. Elle pose le plateau sur la table de nuit, n'ayant aucune envie de déjeuner. Elle pense à son fils, à l'histoire qu'elle a montée de toutes pièces pour qu'il renonce à ses recherches. L'a-t-elle convaincu ? Elle n'en est pas très sûre. Elle quitte son lit et ramène le plateau à la cuisine. Elle retourne dans sa chambre et prend les albums de photos. Elle jette un coup d'œil et constate qu'il a pris deux photos de son père. - Qu'est-ce que tu vas en faire Salem ? (À suivre) A. K