L'ouverture de plus de 19 000 postes budgétaires par le ministère de l'Education nationale n'est pas passée inaperçue chez les enseignants de tamazight. Ils contestent, en effet, la marginalisation de la langue amazighe à travers "cette volonté de minimiser sa portée au sein de l'école". Seuls 205 postes sont prévus pour tamazight, et ce, pour les trois paliers. Le ministère de tutelle avait annoncé le recrutement de 3 400 PES. Seuls 104 ont été octroyés pour ceux de tamazight. 44 PEM pour la même filière alors qu'il est prévu le recrutement de 6 850 autres pour les autres matières. Et enfin, 57 PEP en tamazight sur les 9 012 postes ouverts. Aux yeux des enseignants de tamazight, des étudiants et des militants, cela révèle "le manque de volonté politique pour assurer sa promotion". Hier, les enseignants de la wilaya de Béjaïa, regroupés dans le collectif "Tamazight à l'école", ont appelé "à la généralisation de l'enseignement de tamazight à l'école partout et pour tous, de la maternelle à l'université". Cette exigence est suivie de plusieurs autres, à l'instar du "recrutement systématique de tous les diplômés de la filière jusqu'à satisfaction de la demande". Ainsi qu'un recrutement "immédiat de tous les détenteurs de diplômes dans la spécialité par une dotation spécifique de tamazight en postes budgétaires s'impose". Les animateurs du collectif qui ont observé une action publique, hier, à Béjaïa, ont souligné que "chaque Algérienne et Algérien, arabophone ou berbérophone", aura la possibilité "d'apprendre tamazight à l'école et d'accéder à la connaissance de la culture, à l'histoire et à la langue de ses ancêtres". Djamel Ikhloufi, enseignant à Béjaïa, a estimé que "tamazight bute sur des obstacles idéologiques", précisant que "le pouvoir avec ses réformettes qu'il fabrique dans ses officines maintient sa stratégie du chaos pour retarder la généralisation de l'enseignement de tamazight". À Bouira, des étudiants et des enseignants ont organisé une autre action pour exiger, de leur côté, une réelle prise en charge de tamazight par l'école. "Sans un statut de langue officielle, nul ne pourra assurer sa promotion", a déclaré un des étudiants. Les manifestants de Bouira et de Béjaïa ont remis aux DE de leurs wilayas respectives des lettres que ces derniers devraient transmettre à leur tutelle. Une action similaire est prévue aussi à Tizi Ouzou. Il faut s'interroger, comme l'avait relevé Si El-Hachemi Assad, SG du HCA, récemment au Forum de Liberté, sur la finalité de procéder, au moment où la ministre évoque une généralisation de son enseignement. Il n'est un secret pour personne que le dossier de l'amazighité dépend, exclusivement, d'une décision des hautes autorités politiques du pays. Cela dit, seule la poursuite du combat mené depuis des décennies pour son officialisation pourra l'imposer en tant que telle. M. M.