Résumé : Alors que Mordjana semblait endormie, Samir continue sa route jusqu'à Constantine. Ils louèrent une chambre dans un hôtel. Encore boudeuse, Mordjana refuse de descendre au restaurant et il dut commander un déjeuner. La jeune femme regardait son mari manger et se sentit honteuse en se rappelant la scène du matin. Elle ferme les yeux : devenait-elle folle ? était-elle si obnubilée par ce désir d'avoir un enfant au point où son égoïsme lui jouait de mauvais tours ? Elle relève la tête : Samir mangeait de bon appétit. Il avait faim... Elle sourit avant de demander : -Tu veux que je t'aide à terminer ton assiette... ? Il suspendit sa cuillère et lui jette un coup d'œil surpris : -En voilà une question ! Je t'avais bien proposé de déjeuner, si tu t'en rappelles. Elle accentue son sourire, avant de s'étirer et de se relever pour s'approcher d'une glace. Elle rejette alors ses cheveux en arrière et les retient avec une pince, puis s'approche de son mari qu'elle enlace avant de l'embrasser sur la joue : -Désolée mon chéri... Je ne voulais pas de cette tension entre nous... C'était plus fort que moi. Mon désir d'avoir des enfants me rend parfois impulsive. -Tu reconnais donc que tu as dépassé les bornes dans ton comportement ce matin... Elle tire un tabouret et s'assoit près de lui. -Je sais reconnaître mes erreurs Samir... Je ne suis pas insensible au point de t'incriminer sans raison... Il pousse une assiette vers elle : -Alors sers-toi et mange... Je ne veux pas que tes grands-parents s'en prennent à moi au cas où tu mourrais d'inanition... Elle pousse un soupir. -Ne t'inquiète pas... Grand-mère connaît très bien ma situation... Elle saura pourquoi je refuse de manger... Cependant on ne va pas en arriver là, car les relents de ces plats me donnent déjà l'eau à la bouche... -Alors fais-leur honneur, et surtout ne reparlons plus de ce qui s'est passé ce matin. Après leur déjeuner, ils décidèrent de faire une promenade en ville. Mordjana découvrait pour la première fois de sa vie l'authentique Cirta. Samir l'emmène visiter les anciens quartiers, où elle sera fascinée non seulement par l'architecture ancestrale, mais aussi par les artisans et leurs œuvres qui la subjuguent. La jeune femme tombe sous le charme de ce monde inconnu qui s'ouvrit à elle. Elle palpe les tapis traditionnels, admire les objets en cuivre et en bronze, découvre des sculptures qui la laissent pantoise et se dit qu'elle devrait songer à changer le décor de sa chambre, et pour cela elle n'hésite pas à faire des achats. Samir la conseille dans ses choix, et à eux deux, ils parviennent à dénicher des objets qui feront à coup sûr pâlir leur entourage et leurs amis. Il faisait nuit lorsqu'ils regagnèrent leur hôtel. Après avoir déposé leurs achats dans leur chambre, ils redescendirent au restaurant pour dîner. Mordjana pousse un soupir. Cette première journée de vacances s'était bien passée, malgré le petit incident du matin. Elle repense à la scène devant la station-service et se dit qu'elle devrait demander des excuses à son mari. Ce dernier lisait le menu et, sans se départir de son sourire, commentait les plats. Elle pose sa main sur la sienne et il relève les yeux. -Alors que veux-tu manger ? J'ai l'impression que tes efforts pour garder la ligne vont fondre comme neige au soleil devant les plats qu'on nous propose... Tout me paraît succulent... Pas toi ? Jette un coup d'œil sur ce qu'il y a là-dedans... Il poussa le menu vers elle, mais elle continuait à le regarder en silence. Il soutint son regard, puis demanda : -Quelque chose ne va pas Mordjana ? Elle hoche la tête : -Oui... Il y a effectivement quelque chose qui ne va pas... Je ne veux pas dîner sans t'avoir fait solennellement mes excuses... -Tes excuses ? Elle acquiesce : -Oui... Je devrais m'excuser pour la scène de ce matin... J'ai été odieuse... Il prend une lente inspiration : -On peut le dire... Mais je crois qu'on a déjà abordé ce sujet cet après-midi, pourquoi revenir là-dessus ? -Oui, mais je ne t'ai pas fait mes excuses. Il lui prend la main. -Allez... Pour moi c'est oublié... N'y pense plus... Profitons plutôt de cette soirée et savourons ces moments de détente entre nous. Elle sourit : - Tu ne m'en veux vraiment pas Samir ? -Non... Si tu continues à me harceler ainsi, je vais finir par m'enfuir pour me cacher sous le lit et ne plus en sortir. (À suivre) Y. H.