Le ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat est le quatrième portefeuille confié à Amar Ghoul depuis son accession au rang de ministre sous le gouvernement d'Ahmed Benbitour en décembre 1999 où il a été chargé du département de la Pêche et des Ressources halieutiques. Le bras de fer qui l'a mis aux prises avec le P-DG d'Air Algérie, Mohamed-Salah Boultif, lors de son bref passage au ministère des Transports, et s'il a eu raison de lui à la tête de ce département, n'a pas justifié sa retombée en disgrâce avec le système. Il a ainsi survécu à 17 remaniements ministériels intervenus dans des contextes politiques différents, y compris le retrait de son parti d'origine, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), de l'Alliance présidentielle qui a constitué le socle du règne d'Abdelaziz Bouteflika durant trois mandats. Mais, surtout, au plus gros scandale de corruption jamais connu en Algérie, devenant emblématique du règne de Bouteflika, celui lié au projet de l'autoroute Est-Ouest. Une affaire qui vient tout juste d'être jugée par le tribunal criminel d'Alger et où il n'a pas daigné venir témoigner, se contentant d'une déposition écrite, reniant des hommes présentés par l'instruction comme proches de lui et du Département de renseignement et de sécurité (DRS), et dont certains ont été condamnés à de lourdes peines. En effet, et après 17 mois au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, il a été désigné à la tête du département des Travaux publics en juin 2002 à la faveur du troisième remaniement du gouvernement d'Ali Benflis. Pour y rester 11 ans. Une longévité qui ne lui a pas permis de livrer le chantier de l'autoroute Est-Ouest qui a donné lieu à une spectaculaire entreprise de corruption. Elle lui a servi plutôt à tisser les réseaux qui ont présidé, dans le sillage de la dissolution de l'Alliance présidentielle au lendemain des législatives de 2012, à la création de son parti Taj, donnant plus d'envergure à sa carapace politique. Il bénéficie en tout cas de solides protections, indépendamment du soutien énergique de Taj au quatrième mandat de Bouteflika. Car, si le scandale Sonatrach a emporté l'ami de Bouteflika, Chakib Khelil, éjecté du gouvernement à l'occasion du remaniement du gouvernement Ouyahia en mai 2010, la position d'Amar Ghoul sur l'échiquier politique, lequel aujourd'hui à 54 ans, cumule 15 ans de ministère, n'a pas été ébranlée. L. H.