Les films défilent sur la Croisette à une vitesse de croisière. À chaque cinéaste son genre, son style et son thème. Dans cette diversité, on retrouve aussi des convergences malgré la différence des origines. Ainsi, l'Italien Nanni Moretti et l'Iranienne Ida Panahandeh misent sur le social et les relations familiales intergénérationnelles dans leurs films en course, respectivement, dans la compétition officielle et "Un Certain regard". Les deux ont été longuement ovationnés. Le cinéaste italien, Palme d'or et prix Fipresci de la critique internationale au Festival de Cannes pour La Chambre du fils, en 2001, revient avec Mia Madre avec lequel il a fait rire et pleurer les festivaliers. Le film suit la vie tumultueuse d'une réalisatrice en plein tournage d'un film, dont le rôle principal est tenu par un célèbre – et insupportable – acteur américain d'origine italienne. Sur cela vient se greffer l'histoire de sa mère en fin de vie et de sa fille en pleine crise d'adolescence. Les deux histoires parallèles se déroulent sur un fond de crise sociale et économique que le réalisateur a voulu traiter à travers le prisme du film en tournage. Toujours hilarant, profond et touchant, le cinéaste italien se retrouve en bonne position pour obtenir une récompense à la fin du festival. La salve d'applaudissements qui a suivi la fin du film plaide dans ce sens. De son côté, la cinéaste iranienne Ida Panahandeh, après plusieurs années de télévision, signe son premier long métrage Nahid et s'impose à Cannes comme l'une des figures de la nouvelle génération du cinéma iranien. Elle a mis en scène Nahid, une jeune maman divorcée qui vit seule avec son fils de dix ans, cédé par son père sous condition qu'elle reste célibataire. Mais la jeune maman rencontre un amoureux attentionné qui bouleverse sa vie. La jeune réalisatrice aborde des sujets tabous avec courage, réalisme et sincérité. Elle dénonce les préjugés, l'injustice et le machisme ambiants et plaide pour la liberté de la femme à qui elle donne le droit de choisir sa vie. Nahid, personnage atypique au tempérament de feu, est magnifiquement interprété par Sareh Bayat, Ours d'argent de la meilleure actrice au 61e Festival de Berlin pour Une séparation (2011) d'Asghar Farhadi, qui place le film parmi les prétendants aux récompenses cannoises. T. H.