Une enquête menée par l'Association nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) révèle que les enfants algériens âgés entre deux et quinze ans étaient accros à la télévision. Et que, de ce fait, ils souffraient souvent de confusion entre la réalité de la vie quotidienne et la fiction développée par les boîtes magiques. L'enquête, réalisée en 2004 en collaboration avec le secteur sanitaire d'El-Harrach (est d'Alger) auprès de 1 000 enfants, et citée hier par l'Agence de presse officielle, conclut à des maux graves, complexes et inquiétants, tels que l'échec scolaire, le déracinement familial, le recours à la violence et à la cigarette, le désintérêt pour la lecture, la préférence pour les chaînes de télévision étrangères… Intitulée “La télévision et l'enfant”, cette recherche a pour objectif d'“évaluer l'impact de la télévision sur la santé et la sociabilité des enfants âgés entre deux et quinze ans”, selon le président de l'association, Mustapha Khiati, interrogé par l'APS. Il en ressort que la quasi-totalité (97%) des foyers algériens est dotée de télévision, celle-ci remplaçant, ainsi, le manque de loisirs et autres moyens de distraction et devenant l'équipement de base par excellence. Par ailleurs, 46% des enfants âgés entre 10 et 13 ans ont des appareils dans leurs propres chambres, alors que la proportion augmente à 55% chez les 13-16 ans. Les 10-15 ans se distinguent par leur engouement grandissant pour la cigarette puisque, d'après l'enquête, ceux qui regardent le plus la télévision sont la plupart du temps ceux qui, “sous l'influence des films et de la publicité”, s'exposent le plus au risque de la cigarette et succombent à la tentation. D'autant que la majorité d'entre eux a une préférence particulière pour les chaînes étrangères, notamment françaises. L'enquête note aussi, de manière générale, des difficultés scolaires chez nos enfants en raison de leur “télépendance”. Près de 25% d'entre eux sont recalés chaque année, au grand désarroi de leurs parents, pas toujours brillants ni exemplaires en matière d'autorité. Souvent, le petit écran conduit les enfants à une sorte de confusion effrayante entre la “réalité et la fiction, situation qui se répercute directement sur leur sociabilité et leurs liens familiaux”. Les enfants entre deux et cinq ans, dont “plus de 60% passent plus de quatre heures par jour devant la télé à regarder des programmes destinés aux adultes, sortent trop tôt de leur enfance pour accéder de manière brutale et précoce” dans un autre monde. Ils ont, par conséquent, moins de temps à consacrer à leur famille ou à leurs copains. Autres conséquences, surtout pour les préscolaires et les scolaires, le désintérêt pour la lecture au profit de la télé, de la vidéo et des jeux électroniques. À l'école, ils subissent la fatigue du fait d'avoir veillé. Veiller à regarder défiler les images en grignotant et en laissant leur corps subir le surpoids, lequel “dépasse les 36 % aussi bien chez les petits que chez les plus grands”. L. B.