Le gouvernement vise à alléger le fardeau financier qui pèse sur les finances publiques et à pousser les travailleurs à plus d'efforts pour augmenter la production. Un bras de fer semble inévitable entre le gouvernement tunisien et la Centrale syndicale (UGTT). En présidant, hier, la réunion périodique des gouverneurs (walis), Habib Essid a confirmé la décision rendue publique, il y a trois jours, en Conseil des ministres, et selon laquelle il sera procédé, à partir de ce mois-ci (mai), à une retenue sur salaire pour tout gréviste du secteur public. Que cette grève soit "sauvage" ou encadrée par la Centrale syndicale. À travers cette décision, le gouvernement vise à alléger le fardeau financier qui pèse sur les finances publiques et pousser les travailleurs à plus d'efforts pour augmenter la production. D'autant que les arrêts de travail se sont multipliés à un rythme vertigineux depuis l'entrée en fonction du nouveau gouvernement, il y a plus de trois mois. Pratiquement, tous les secteurs publics ont été touchés par des grèves cycliques : l'enseignement, l'énergie, le transport, la santé. Tous ont connu des débrayages préjudiciables aux finances de l'Etat dont les caisses sont pratiquement vides. En revanche, le chef du gouvernement a promis d'honorer tous les engagements antérieurs en procédant à l'application des 17 conventions conclues par son prédécesseur, Mehdi Jomaâ, portant sur des augmentations de salaires ou l'octroi de primes spécifiques. Mais la Centrale syndicale ne semble pas disposée à adhérer à la décision du gouvernement, comme l'atteste sa première réaction. En effet, elle a demandé à M. Habib Essid de surseoir à l'exécution de cette décision gouvernementale. Une demande restée sans écho, au regard de la réponse du chef du gouvernement devant les gouverneurs. Cette attitude risque-t-elle de déclencher un bras de fer entre le gouvernement et la Centrale syndicale ? Tout porte à le croire. Période de grâce Cette sortie du chef du gouvernement intervient alors que Tunis bruissait de rumeurs jusque-là sur un éventuel remaniement ministériel. Or, il apparaît que ce n'est pas pour demain si l'on se fie aux propos de Habib Essid qui était, jeudi soir, l'invité d'une chaîne de télévision tunisienne privée. Il s'est dit, en effet, satisfait des performances de son cabinet, malgré, a-t-il souligné, "certaines insuffisances inhérentes à la complexité des dossiers à traiter" par certains départements ministériels. À ceux qui désirent juger la prestation du gouvernement au terme de ses 100 premiers jours, il a réclamé un délai d'une année pour laisser aux ministres le temps, selon lui, d'engager les réformes souhaitées et nécessaires à la relance de l'économie nationale et au rétablissement de la sécurité. Il reste que, constitutionnellement, rien n'empêche le chef du gouvernement d'opérer un remaniement ministériel souhaité par une large frange de la société, notamment suite au traitement de certains dossiers à caractère international, en particulier, ceux relatifs aux relations avec la Syrie et la Libye. L'opposition s'était appuyée sur ces dossiers pour exiger la démission du ministre des Affaires étrangères, au cœur de la polémique, et qui a même été désavoué par le président de la République, premier responsable des Affaires étrangères, selon la Constitution. Ce désaveu, bien que camouflé, ne cesse d'entacher les relations entre le palais présidentiel et le ministère des Affaires étrangères comme le laisse supposer l'absence remarquée de Tayeb Baccouche lors de la récente visite du président Béji Caïd Essebsi à Washington. M. K.