Des militants acquis aux redresseurs ont tenté, hier, de se rassembler devant le siège du parti à Hydra, mais un dispositif policier a empêché leur action, les obligeant à se regrouper sur la placette de ce quartier chic des hauteurs d'Alger. À mesure que le rendez-vous du 10e congrès du FLN approche, le fossé se creuse davantage entre Amar Saâdani et ses opposants. Dans leur élan d'empêcher ce congrès qu'ils qualifient de... "cirque Amar", ces derniers ont vainement tenté, hier, d'atteindre le siège du parti pour y tenir un rassemblement de protestation contre la direction du parti. Répondant à l'appel des coordinateurs des trois ailes dites de redresseurs qui se sont récemment unis pour constituer "un front commun" contre Saâdani, des dizaines de militants, venus de plusieurs wilayas, ont, en effet, afflué, dans la matinée d'hier, vers la placette d'Hydra. Mais c'était compter sans la présence d'un dispositif de policiers qui les a empêchés de progresser vers le siège du parti, situé à quelques encablures de cette placette. Selon les témoignages de manifestants, "au moins 40 militants (anti-Saâdani) ont été interpellés avant d'être relâchés quelque temps plus tard". La situation, avouent-ils, n'a, toutefois, pas dégénéré. Ils racontent que leur rassemblement, tenu sur la placette, s'est déroulé "dans un cadre de respect". Les militants anti-Saâdani, cela dit, n'hésitent pas à accuser la direction du parti d'avoir été derrière "la forte mobilisation" des éléments de la police. "Non au cirque Amar", "Ce sont les martyrs et les chouhada du FLN qui ont libéré le pays et la France ne nous a jamais donné l'Indépendance", allusion aux propos tenus par Saâdani, ou encore "Le FLN ne défend pas l'argent sale", sont autant de slogans hostiles à la direction du parti scandés par les militants qui s'opposent à la tenue du 10e congrès convoqué par Saâdani pour les 28, 29 et 30 mai. L'action de démonstration de force des opposants à Saâdani a pris fin à la mi-journée, sans incident majeur à signaler. Le front anti-Saâdani, mené par Abderrahmane Belayat, Salah Goudjil et Abdelkrim Abada, rappelons-le, s'oppose énergiquement au 10e congrès que le SG du parti s'entête à tenir, même sans l'aval d'"un nombre important" des membres du comité central. La liste exhaustive des opposants à ce congrès qualifié de "préfabriqué" et d'"anti-statutaire" sera rendue publique aujourd'hui à l'occasion d'une conférence de presse conjointe qu'animeront les représentants du front anti-Saâdani. C'est ce qu'a confirmé Kassa Aïssi, porte-parole des dissidents, que nous avons joints par téléphone. Selon lui, à l'occasion de la rencontre de demain (aujourd'hui, ndlr), "tous les masques vont tomber et chaque clan reconnaîtra les siens". Outre Saâdani et ses partisans, les dissidents s'offusquent, par ailleurs, de la réponse cinglante apportée auprès de la justice par le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh. Le membre du CC dissident et, néanmoins, sénateur du FLN, Boualem Djaâfar, révèle, à ce titre, que Zoukh a traité les dissidents, auteurs de la plainte déposée contre les services de la wilaya d'Alger qui ont délivré l'autorisation de l'organisation du 10e congrès, de "perturbateurs" et de "clowns". Après deux reports consécutifs, le verdict de la justice est attendu pour demain. Quelle que soit la décision qui sera prononcée, la maison de l'ex-parti unique est plus que jamais affectée par une guerre intestine... F .A.