Evolution logique, maturité politique ou pragmatisme ? Le mouvement démocratique et social (MDS), héritier du parti communiste algérien, n'exclut pas de participer aux futures échéances électorales après les avoir boudées depuis l'arrêt du processus électoral de 1991. Cette perspective, qui apparaît par certains aspects comme une véritable révolution, était au centre des débats du conseil national du parti tenu ce jeudi à Alger. “Aujourd'hui, l'évolution de la situation (…), marquée par le recul des prétentions de l'islamisme et la restructuration inévitable du champ politique et social, notre vocation même d'organisation politique qui aspire à contribuer à l'édification de l'Etat moderne, nous dicte de revoir nos positions et de nous préparer à revenir sur ce terrain des élections comme une des formes de lutte démocratique”, note le MDS dans une introduction au débat engagé au sein du parti. Le parti, dont la rencontre de ce week-end constitue l'avant- dernière étape avant le congrès fixé pour les 24, 25 et 26 mars prochain, justifie cette nouvelle orientation par certaines évolutions au sein du régime mais aussi au sein de la société. Ainsi, l'idée d'une amnistie générale procède, aux yeux du MDS, d'un besoin chez le pouvoir d'entreprendre une nouvelle initiative qui consacre les limites des initiatives précédentes. En d'autres termes, il apparaît au pouvoir, selon lui, que la solution à la crise nécessite un traitement global. “Et la signification du scrutin du 8 avril apparaît de plus en plus comme une demande de solution à cette crise-là”, note le MDS. Considérant que ses positions sont “dictées par l'observation et l'analyse de la situation concrète, avec le maximum d'objectivité, loin de toute pression, calculs étroits ou autres considérations d'appareil”, le MDS, s'interroge si l'évolution dans le discours officiel concernant le terrorisme, la place de la femme dans la société, “la légitimité historique”, la révision des positions de notre pays sur les questions régionales et internationales ,“ne s'agit pas d'une approche qui nous renseigne sur les tendances lourdes d'évolutions”. “Les institutions de l'Etat ne sont- elles pas mises en demeure de se mettre en phase avec les mutations profondes et accélérées des rapports socioéconomiques dans la société et des implications du processus de mondialisation ?” se demande-t-il. Le MDS estime même qu'au-delà des exigences dictées par les évolutions, les préservations des intérêts de ceux qui sont au pouvoir leur imposennt d'opérer des changements qualitatifs sans lesquels les risques de déliquescence et de déstabilisation de l'Etat ne feront qu'augmenter. Tout comme il soutient que “s'il y a volonté de démocratisation”, des mesures d'apaisement sont possibles pour peu qu'il y ait la vérité et la justice. Autre nouveauté dans le discours du MDS : la perception de la chose économique. Sur ce volet, la formation de Hachemi Cherif entrevoit “une évolution qualitative substantielle par rapport à l'immobilisme du système rentier”. Quant au volet social, il relève l'apparition des syndicats autonomes comme une configuration qui colle mieux aux mutations et aux exigences du monde du travail. Enfin, sur les libertés, même s'il a concédé quelques “durcissements de la part du pouvoir”, il n'en soutient pas moins qu'il “y a une tendance à l'apaisement” à travers, notamment le procès contre Benchicou, le directeur du Matin, à propos de l'affaire T'kout. Par ailleurs, le MDS a estimé nécessaire que le parti fasse le bilan de ses alliances et de son rapport à l'environnement politique et social dans son évolution. “Il faudra définir des critères objectifs de convergence pour avoir une idée plus précise des alliances que nous allons contracter”, conclut-il. K. K.