C'est le constat fait dans un rapport récemment publié par la Banque africaine de développement. Le système financier algérien apparaît peu adapté à financer les investissements publics. C'est du moins ce qui ressort d'un rapport annuel sur les perspectives économiques en Afrique, publié récemment par la Banque africaine de développement (BAD), l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), à l'occasion des assemblées annuelles de la BAD à Abidjan en Côte d'Ivoire. "La récente décision des autorités de financer à l'avenir les investissements publics, non seulement par le budget public mais aussi par le système financier, représente un véritable défi à relever. En effet, le système financier apparaît peu adapté à cette exigence avec un financement qui passe essentiellement par les banques et un niveau d'intermédiation relativement faible", souligne le rapport. Le document relève que les six banques publiques, sur un total de 20 banques, continuent de jouer un rôle dominant dans le secteur financier. Elles détiennent 86% du total des actifs du système bancaire et continuent de pourvoir l'essentiel des fonds pour les projets publics prioritaires. Les 14 autres banques privées, davantage axées sur le commerce extérieur, note le rapport, devraient être intéressées à réorienter leurs activités vers les petites et moyennes entreprises (PME), du fait de la mise en place de mécanismes de bonification d'intérêt à leur intention et la réintroduction, annoncée dans la loi de finances 2015, des crédits aux ménages limités à l'acquisition de biens et services de production nationale, selon le document. "Le système bancaire est marqué par une forte concentration du marché". En effet, le crédit et les dépôts du secteur public sont substantiels, mais relèvent exclusivement des banques publiques, qui font l'objet de fréquentes recapitalisations. En outre, l'Etat, à la fois propriétaire de la majorité des banques commerciales, régulateur (à travers la banque centrale) et principal client des banques publiques (par l'intermédiaire des entreprises publiques), pourrait créer un dysfonctionnement en termes de satisfaction des besoins de financement de l'ensemble des acteurs économiques. "Malgré les améliorations apportées à la gouvernance des banques publiques, des défis persistent, notamment la frilosité de ces dernières à financer les PME et le peu d'intérêt des banques privées à prendre ce risque", estime le rapport, qui constate que les autres institutions financières ne représentent environ que 3% des actifs du secteur financier. Les assurances dominent ce sous-secteur et concentrent plus de 82% des actifs. La Bourse (quatre sociétés cotées en 2014) brasse un très faible volume de transactions. Il n'existe ni de marchés de produits dérivés ni d'opérations de titrisation. Le marché des obligations d'entreprises qui avait commencé à se développer s'est tari récemment ; le marché des instruments à revenu fixe reste dominé par les titres du Trésor. Le rapport indique, par ailleurs, que si la chute notable des cours du pétrole observée au cours du 2e semestre de 2014 continuait, les équilibres fondamentaux de l'économie algérienne seraient affectés. "Dans l'hypothèse d'un cours à 50 dollars le baril par exemple, le Fonds de régulation des recettes (FRR) ne pourrait plus financer le déficit du Trésor au-delà de 2016", prévoit le rapport. Il devient, par conséquent, nécessaire et urgent d'amorcer une diversification de l'économie algérienne, aussi bien verticale (montée en gamme des produits pétrochimiques), qu'horizontale (redynamisation de secteurs hors hydrocarbures). Une telle transformation structurelle nécessite un environnement plus favorable aux affaires et le développement d'un secteur privé à même de relancer le système productif et de créer des emplois. M. R.