Décidément le dossier sur la concession des plages continue de faire polémique. Après la décision "verbale" du ministère de l'Intérieur d'interdire la concession des plages aux privés, le même ministère vient d'opérer un autre virage sur la question en laissant cette décision à l'appréciation des walis. Il semble que les autorités n'ont pas trouvé mieux que de se référer aux lois et règlements en vigueur, notamment la loi 03/02 du 17 février 2003 et le décret n°04-274 du 5 septembre 2004, fixant les conditions et les modalités d'exploitation touristique des plages ouvertes à la baignade. Ce décret donne le pouvoir aux walis de décider de la concession ou de l'annulation des concessions des plages. "C'est aux walis de trancher sur les concessions des plages et de les étudier au cas par cas", avait affirmé un représentant du ministère de l'Intérieur lors d'une réunion tenue à Boumerdès avec les autorités locales de cette wilaya qui abritera, demain lundi, la cérémonie du coup d'envoi de la saison estivale qui sera donné conjointement par les deux ministres, celui de l'Intérieur et celui du Tourisme. Le représentant du même ministère a insisté, lors de ce conclave, sur la multiplication du contrôle et la délimitation des espaces réservés aux citoyens, soit les deux tiers, pour éviter tout dépassement. Cette reculade du ministère de l'Intérieur est motivée par les réticences de certaines wilayas qui avaient présenté des arguments en faveur d'une concession contrôlée et limitée dans l'espace plutôt que des plages libres livrées à elles-mêmes qui pourraient être inaccessibles aux familles. D'autres ont insisté sur la sécurité des familles et la propreté des plages que seuls les concessionnaires arrivent à assurer, notamment dans certains endroits isolés. Il y a aussi la résistance énergique des concessionnaires eux-mêmes qui crient à la hogra, comme à Alger où certains ont décidé de ne pas se laisser faire. Les anti-concessions ne manquent pas d'arguments, eux aussi. Et ils sont plus nombreux. "Les plages sont devenues privées, 2 000 DA pour un parasol, ce sont des trabendistes, pas des concessionnaires, ils font la loi sur les plages", affirment des citoyens qui ont plutôt applaudi la décision du ministère de l'Intérieur. Mais la plupart des dépassements sont dus à l'absence de contrôle des collectivités locales, comme l'avait souligné l'ex-ministre du Tourisme qui avait décidé de maintenir la concession contredisant ainsi son ex-collègue de l'Intérieur. L'ex-ministre avait demandé, pour rappel, à tous les walis des régions côtières de réserver 2/3 de ces espaces aux investisseurs privés et le 1/3 restant aux citoyens. Les deux ministres, qui se réuniront demain à Boumerdès, vont certainement revenir sur ce... feuilleton de l'été. M. T.