Si l'aile des contestataires incarnée par Abderrahmane Belayat croit toujours possible de récupérer le FLN de l'intérieur, par l'entremise de la justice qu'elle compte saisir de nouveau pour invalider le Xe congrès, celle, plus radicale, s'identifiant à la démarche d'Abdelaziz Ziari, semble avoir fait son deuil des luttes organiques et ose la cassure. Elle pense à lancer un nouveau parti, "le FLN canal historique". La tenue du Xe congrès du parti du Front de libération nationale (FLN), avec le soutien du président de la République et du gouvernement, a-t-elle fini par décourager les opposants à Amar Saâdani, jusqu'à renoncer à leur combat à l'intérieur du parti et envisager comme alternative de créer leur propre parti ? Visiblement, c'est le cas. L'idée de claquer la porte du FLN pour la création d'un nouveau parti émerge sérieusement chez les adversaires de Saâdani. C'est du moins ce qu'a affirmé, hier, dans un entretien accordé à TSA, l'ancien président de l'APN, Abdelaziz Ziari, un ténor du FLN, qui a rejoint le clan dit jusque-là des redresseurs. "Nous sommes en train de réfléchir, avec beaucoup de cadres qui sont intéressés par l'avenir du FLN, d'envisager la possibilité de créer un FLN canal historique", a-t-il soutenu. Selon lui, cette idée, encore "au stade de la réflexion", est conçue pour le lancement d'un parti qui "reprendrait les idéaux du FLN authentique". Joint au téléphone pour savoir s'il partage la position de l'ancien président de l'APN, dont le nom a figuré sur la liste des opposants à Saâdani, présentée la veille du Xe congrès du FLN, Abderrahmane Belayat rejette catégoriquement cette idée. "Nous n'avons jamais évoqué ni envisagé la création d'un parti. Le FLN, c'est notre parti et nous allons tout faire pour le redresser. Nous allons poursuivre notre combat pour annuler le congrès qui vient d'être illégalement tenu. Nous avons un dossier solide pour l'annuler, comme celui de 2004, et organiser un autre congrès avant la fin de l'année", a-t-il juré. Belayat indique qu'une réunion des représentants du mouvement des redresseurs est prévue pour jeudi prochain pour débattre de la situation. Au-delà de ce conflit qui est loin de connaître son épilogue, le Xe congrès du FLN vient de confirmer, si besoin est, que la direction "sortante-entrante" a eu le quitus du pouvoir pour contrôler le parti. Un parti, du reste, complètement verrouillé par le clan présidentiel. Après avoir "violé" les anciens statuts du parti en convoquant le congrès sans l'aval du comité central, instance suprême entre deux congrès, Amar Saâdani a encore foulé aux pieds les nouveaux statuts, une journée seulement après leur adoption par le Xe congrès. Et pour cause, il s'est autorisé la désignation du quota national des membres du comité central avant même qu'il ne soit élu lui-même SG du parti par le congrès. Sur les 504 membres que compte désormais le comité central, il en a désigné un peu moins de la moitié (212 membres). Un acte auquel seul l'ancien ministre proche de Bouteflika, Djamel Ould-Abbès, était associé en tant que président de la commission des candidatures. Les critères de désignation, selon des informations recoupées, sont intimement liés à "la fidélité, la loyauté et la proximité à Bouteflika et au clan présidentiel". Les deux hommes fidèles au clan présidentiel, en l'occurrence Amar Saâdani et Djamel Ould-Abbès, ont passé plusieurs heures dans un bureau hautement surveillé à la Coupole Mohamed-Boudiaf pour arrêter la liste des membres devant siéger au comité central du FLN. Ils étaient évidemment aidés et orientés par les coups de fil qu'ils recevaient durant quasiment toute la troisième et dernière journée du congrès. Par ailleurs, le Xe congrès du FLN a été marqué par le non-respect du slogan "Rajeunissement et renouvellement", qui a été choisi par la direction. De l'aveu même de nombreux participants, ce n'était qu'un slogan "creux" qui ne reflète guère l'ambition des jeunes militants. La composante des membres du nouveau comité central atteste parfaitement de cette réalité. F.A