La prévalence des troubles mentaux est très élevée dans la population générale, puisqu'elle atteindrait les 60% en Algérie, 48% dans le Maghreb et 27% en Europe. "Le plan national de la santé mentale suivra les recommandations de l'OMS, mais c'est encore un projet de plan mené dans un cadre multisectoriel", a annoncé Mohamed Chakali, sous-directeur de santé mentale au ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, en marge d'une journée d'étude tenue hier matin au CHU d'Oran. Il ajoutera qu'"il n'y a pas que la santé qui est concernée, et l'état devra s'inspirer du plan et des doléances de l'OMS pour répondre aux exigences de l'heure". Et ces exigences, nous pouvons les mesurer puisque, selon des données menées en Algérie (EHS de Chéraga), la prévalence des troubles mentaux est très élevée dans la population générale, puisqu'elle atteindrait 60% en Algérie, 48% dans le Maghreb et 27% en Europe, et que dans le même temps seulement 3% des budgets de santé dans le monde va vers la santé mentale. D'où l'intérêt de cette rencontre dont le thème "Les enjeux de la psychiatrie à l'hôpital général" a rassemblé nombre de professeurs et psychiatres venus de plusieurs wilayas, y compris de France. Pour le représentant du ministère, qui s'exprimait devant la presse, le projet de plan national de santé mentale sera prêt fin 2015, alors qu'il est en cours d'élaboration depuis octobre 2014. Parmi les nouveautés devant être introduites dans ce plan, l'abandon des grands hôpitaux psychiatriques "qui sont à combattre", dira M. Chakali, lui-même psychiatre depuis 30 ans, pour aller vers des soins ambulatoires. "Il y a sans aucun doute une correction à apporter en tenant compte des recommandations de l'OMS et aller vers des soins et des séjours courts. Il y aura toujours des malades difficiles et dangereux qu'il faudra hospitaliser, mais il va falloir développer des soins de proximité et surtout la prévention", expliquera-t-il. Mais alors qu'il n'y a que 200 lits dans les hôpitaux généraux réservés à la santé mentale, ce sont plus que de simples modifications qui devront être apportées au développement des soins psychiatriques dans notre pays. D'ailleurs, Dr Dahdouh-Guermouche du CHUO, qui a présenté une communication sur "l'organisation de la psychiatrie de liaison : enjeux et perspectives", dira que les chiffres sont très inquiétants. L'OMS précise que 40% des dépressions sévères ne sont pas soignés et que d'ici 2030 "la dépression va être la première cause d'invalidité et d'incapacité dans le monde". Pour l'intervenante, le projet de psychiatrie de soin de liaison au sein des hôpitaux est plus que crucial, alors qu'il s'agit d'un concept, ancien, développé à l'étranger dès les années 1960. "L'objectif est d'apporter des soins de santé mentale pour les patients des autres disciplines médicales, aller vers les malades des autres services pour dépister les troubles mentaux, alors que la prévalence des troubles mentaux dans la population des malades chroniques est très importante." Cela a un impact direct, selon l'oratrice, sur l'acceptation des soins par les malades. Et d'évoquer encore "plus de 30% des patients hospitalisés pour diabète, 30 à 45% de ceux qui sont traités pour infarctus du myocarde et plus de 40% de ceux qui sont soignés pour le cancer souffrent de dépression". D. L.