De meurtriers affrontements entre milices interposées ont débuté samedi soir à Ajdabiya, dans le nord-est de la Libye, faisant une dizaine de morts et plusieurs blessés, selon des sources locales, relayées par les médias libyens en ligne. Ces violences ont opposé une phalange du mouvement terroriste islamiste Ansar al-Charia à un groupe d'autodéfense se réclamant proche de l'armée loyale du gouvernement de Tobrouk, internationalement reconnu. À l'origine de ces affrontements meurtriers, l'interdiction d'accès à l'hôpital local à des éléments d'Ansar al-Charia qui ont été blessés dans d'autres combats, en cours, à travers plusieurs zones de cette province pétrolifère. Parallèlement à ces affrontements qui se poursuivaient jusque dans la matinée d'hier, l'armée loyale de l'ancien général Khalifa Haftar a lancé une nouvelle opération de reconquête du nord-ouest frontalier avec la Tunisie, où Fajr Libya contrôle certains axes stratégiques entre les deux pays. L'ancien allié du défunt guide libyen, Mouammar Kadhafi, tué dans la révolte populaire de 2011, s'est inscrit dans une stratégie d'occupation du terrain militaire, à travers toute la Libye, alors qu'au début de son opération Al-Karama (dignité), ses ambitions se limitaient à reprendre le contrôle de Benghazi, tombée momentanément entre les mains d'Ansar al-Charia et d'autres milices islamistes radicales. Dans cette guerre militaire que mène Khalifa Haftar, fortement soutenu par certaines chancelleries arabes et occidentales, il s'agit pour le gouvernement "légitime" de Tobrouk de poursuivre les discussions de paix dans une position de force avec le gouvernement parallèle de Fajr Libya, implanté à Tripoli. Mais cette stratégie ne fait qu'envenimer la situation sur le terrain. Elle profite surtout à l'organisation terroriste de l'Etat islamique (EI/Daech) pour étendre son territoire, même s'il vient d'essuyer une cinglante défaite à Derna, dans l'extrême nord-est de la Libye, où il avait annoncé sa naissance. Alors que le mandat du gouvernement de Tobrouk prend fin en octobre prochain, les parties libyennes sont pressées par la communauté internationale de trouver un accord minimum avant la fin du mois de juin, au risque d'assister à l'effondrement économique de la Libye qui entraînera la disparition du pays. Dimanche, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Bernardino Leon, a relancé son appel à tous les acteurs politiques, tribaux et militaires libyens pour former en urgence un gouvernement d'union nationale, afin de passer à la seconde phase du dialogue interlibyen qui a débuté en janvier dernier à Genève. Mais la formation de ce gouvernement risque, en effet, d'être encore plus longue contrairement à ce qu'en pensent les membres de la communauté internationale qui rejettent toute éventuelle intervention militaire étrangère en Libye. L.M.