Ghardaïa vit, depuis 2008, avec la violence, laquelle, cyclique, charrie à chacune de ses manifestations son cortège de morts et de blessés. Le brasier qui tarde toujours à s'éteindre a été rallumé pour la première fois suite à une histoire de pétards à l'occasion de la fête du Mouloud Ennabaoui. Des pétards jetés par des adolescents avaient atteint, à Berriane, des membres d'une famille appartenant à la communauté arabe. Partout ailleurs, et même dans cette cité mozabite auparavant, des scènes pareilles restent sans conséquences. Elles donnaient lieu, tout au plus, à des engueulades, parfois des bagarres, mais jamais à l'usage d'armes à feu, qui d'ailleurs se sont transformées en un conflit communautaire qui perdure depuis. Ces événements sont la conséquence d'un cumul de ressentiments et d'animosités entre les deux communautés mozabite et arabe. Les premiers événements remontent à 1990 lorsque des affrontements avaient fait deux morts. Ils étaient provoqués par les résultats des élections locales où la liste du parti dissous FIS (Arabes) se retrouvait en ballottage avec celle des indépendants (Mozabites) avant que cette dernière ne les remporte. La décennie noire n'allait pas tarder à s'installer. Ce qui avait, certainement, contraint Mozabites et Arabes à enterrer la hache de guerre jusqu'en... 2008. L'histoire des pétards du Mouloud a donné lieu à plusieurs mois d'affrontements ayant provoqué des morts et des blessés. La vallée du M'zab est depuis transformée en un véritable chaudron. Les pouvoirs publics ont échoué dans toutes leurs tentatives de réconcilier les deux parties. À cela s'ajoute l'impunité. Alors que les violences ont fait jusque-là plusieurs victimes, des dizaines de blessés et des dégâts matériels énormes, aucun des auteurs de crimes n'a été jugé. Le conflit, au début communautaire, s'est transformé en animosité ethnique et s'est exacerbé au fil des jours. 2014 aura été l'année la plus violente à Ghardaïa où les affrontements ont duré quelque 8 mois. Les affrontements ont encore repris hier au premier jour du Ramadhan. Outre l'absence de l'Etat, pour ne pas dire la complicité des pouvoirs publics, l'animosité entre les deux camps est alimentée par deux facteurs essentiels : l'appartenance religieuse des Mozabites dont le courant ibadite contesté par les Arabes, d'une part, et la différence culturelle entre Mozabites (berbérophones) et Chaâmbis (arabophones), de l'autre. F.A.