Les affrontements armés de Derna, qui opposent des milices locales à l'Etat islamique (EI/Daech), ont fourni la preuve que cette organisation terroriste peut être éradiquée en Libye. La résistance citoyenne commence à s'organiser à Derna, dans l'Est libyen, depuis quelques jours, face aux terroristes de l'Organisation de l'Etat islamique (EI/Daech). Après les manifestations organisées début juin, les populations de cette ville ont décidé de se joindre aux rangs d'une milice locale qui se fait appeler "Conseil des combattants de Derna". Cette milice est passée à l'offensive en menant plusieurs attaques contre Daech qui occupe de nombreux quartiers-clés à Derna. La volonté de Daech de reproduire ses pratiques sanguinaires en Libye, comme il le fait en Irak et en Syrie, a fini par faire sortir les habitants de Derna dans la rue, payant de leur vie cette révolte. Sept civils ont, en effet, été tués par les tirs des terroristes de l'Etat islamique lors de cette protestation de rue qui a eu lieu juste après la prière du vendredi, tout au début du mois de juin. Une trentaine de civils a été aussi blessée, mais cette tuerie de Daech n'a pas découragé pour autant les manifestants, nombreux à prendre les armes, selon les médias libyens. Outre ceux qui ont rejoint les rangs de la coalition de milices du "Conseil des combattants de Derna", il y a ceux qui se sont organisés en groupes d'autodéfense au sein de leurs quartiers respectifs, ont ajouté les mêmes sources. La tentative d'une reprise du terrain perdu par les éléments de l'EI n'a pas abouti, ont précisé les journaux libyens en ligne et les correspondants des télévisions satellitaires, présents sur place. Cette résistance citoyenne constitue un élément d'analyse important pour ceux qui surestiment les capacités de frappes de cette organisation en Libye. Car, l'expansion de Daech n'est surtout pas due à sa puissance militaire, mais au vide laissé par les deux principales forces armées : la coalition des milices islamistes Fajr Libya (Tripoli) et les forces loyales au gouvernement libyen, internationalement reconnu (Tobrouk). La dispersion des forces de résistance, en raison des luttes autour du contrôle du pouvoir politique en Libye, ont largement contribué à l'implantation de Daech dans ce pays voisin. Si l'EI a bénéficié de la complicité des partisans de l'ancien régime de Mouammar al-Kadhafi, mort fin 2011, pour renforcer sa position en Libye, notamment dans la ville de Syrte qu'il contrôle entièrement, son implantation à Derna et sa nouvelle percée à Misrata, d'où est issue Fajr Libya, résulte des luttes entre milices interposées et de la faiblesse des forces armées régulières. D'où l'urgence d'aboutir, dans une première phase, à la formation d'un gouvernement d'union nationale en Libye pour s'interposer à cette organisation terroriste, a expliqué récemment le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, lors du 25e sommet de l'Union africaine organisé, le 14 juin, à Johannesburg, en Afrique du Sud. L'arrivée rapide à un accord politique éviterait à la Libye de subir une nouvelle intervention militaire étrangère, sous prétexte de lutter contre Daech qui menacerait la stabilité de la région et la sécurité des pays de la rive nord de la Méditerranée. L. M.