Le très attendu verdict du procès Khalifa Bank est tombé hier, au bout de huit jours de délibération non-stop. Sur 71 accusés, le jury a prononcé 19 condamnations dont 7 avec sursis et 52 acquittements. Le verdict concernant les parties civiles est annoncé pour le 29 juin en cours. Le président de l'audience, Antar Menouar a procédé d'abord à la lecture de 1 457 questions posées au tribunal criminel. Une procédure qui a duré toute la matinée et une bonne partie de l'après-midi. Il y a eu également 5 questions substantielles soulevées par les représentants du ministère public, toutes rejetées, et 17 autres formulées par le magistrat. Ce dernier a retenu le principe de circonstances atténuantes pour Issir Iddir, ancien directeur de l'agence BDL de Staoueli, Mohand Amghar, ex-directeur général de Khalifa Rent Car, Méziane Ighil, ancien footballeur et entraîneur du Nahd et le notaire Omar Rahal, âgé de plus de 86 ans. Moumen Khelifa n'a, en revanche, bénéficié d'aucune circonstance atténuante. Dès la fin du procès, le 13 juin dernier, la plupart des avocats constitués dans cette affaire, ont parié sur une peine oscillant entre 20 ans et 15 ans de prison ferme contre l'ex-président directeur général de Khalifa Bank, écartant la perpétuité requise contre lui par le procureur de la République. Finalement, Khelifa Moumen écopera de 18 ans de prison ferme et un million de dinars d'amende pour association de malfaiteurs, escroquerie, vols multiples, abus de confiance, pots-de-vin, falsification de documents officiels, falsification de documents bancaires et faillite frauduleuse. Le chef d'inculpation d'abus d'influence a été rejeté. Face à cette sentence, les deux avocats de Moumen Khelifa ont eu des réactions différentes. Me Merouane Medjhouda a estimé que le verdict contre son mandant était très sévère. Il projette, après consultation avec le concerné, de se pourvoir en cassation. Nesreddine Lezzar s'est abstenu, lui, de tout commentaire. Le collectif de défense de Khelifa Moumen a plaidé sur la base d'une instruction élaborée en l'absence de l'accusé, à l'époque refugié en Grande-Bretagne. Présent à l'actuel procès, Moumen Khelifa a opté pour la stratégie du silence, qui ne semble pas lui avoir profité. En taisant les noms des personnalités impliquées dans cette affaire, Khelifa a joué une carte qui n'a pas atteint l'objectif visé, même si on reste loin de la peine à perpétuité prononcée contre lui par contumace en 2007. 10 ans de prison, telle a été la peine dont a écopé Djamel Guelimi qui a occupé les postes de chef de cabinet de Khalifa Bank, d'inspecteur général de Khalifa Airways en France et directeur général de Khalifa TV, tandis qu'une peine de 8 ans de prison ferme a été prononcée contre le directeur général de la société de sécurité du groupe Khalifa, Chachoua Abdelhafid et l'oncle maternel de Moumen Khelifa et ancien directeur de l'agence de Khalifa Bank de Blida, Kechad Belaïd, en plus de 1 million de dinars d'amende pour ce dernier. Mir Amar, directeur de l'agence de Chéraga, a aussi écopé de 8 ans de prison et de 1 million dinars d'amende, alors que le notaire Rahal a été condamné à 5 ans de prison ferme. Baddredine Chachoua, directeur des moyens au sein du groupe Khalifa et Issir Iddir, ex-directeur de l'agence BDL Staouéli, ont été condamnés tous les deux à 6 ans de prison ferme et l'ancien entraîneur du NAHD, Méziane Ighil, à 3 ans de prison avec confiscation de sa villa de Chéraga. La même peine de 3 ans de prison a été prononcée contre Djidjidi Toufik et l'ancien directeur de l'école de police de Aïn Benian, Foudad, ainsi que 20 000 dinars d'amende pour ce dernier. Quant à l'ex-DG de Khalifa Rent Car, Mohand Amghar, il a écopé de 2 ans de prison ferme pour abus de confiance. Sept personnes s'en sont sorties avec des peines d'emprisonnement avec sursis : une peine de deux ans avec sursis et 20 000 dinars d'amende prononcée contre Dahmani Nourredine, responsable du personnel navigant à Khalifa Airways, le steward Salim Larbi et Benhadi Mustapha, une année avec sursis pour Ali Aoun, ancien P-DG de Saidal, Meziane Abdelali, ex-président du conseil d'administration de la CNR et Arifi Salah, directeur financier de la CRN, pour abus de confiance ainsi que contre Aït Belkacem, l'ex-cadre de la Cnan. Cinquante-deux relaxes ont été prononcées en faveur notamment des deux commissaires aux comptes du groupe Khalifa, l'ex-directrice de la monétique, Benouis Lynda, Ali Toudjane, directeur du budget et finances de Khalifa Bank, l'ex-DG de Digromed, Yacine Ahmed et les responsables de la mutuelle des PTT. Dans l'ensemble, le jury a été plus clément que celui de 2007 qui avait retenu, à titre d'exemple, 15 ans de prison ferme contre Guelimi Djamel, 12 ans contre Issir Iddir, 10 ans contre le notaire Rahal et Chachoua Adelhafid. Du coup, certains inculpés vont retrouver incessamment leur liberté. Les parties civiles ont exprimé, en fin d'audience, leurs demandes. Le verdict dans son volet civil sera connu le 29 juin prochain. Me Medjhouda s'est opposé, toutefois, à la constitution de la Banque d'Algérie en tant que partie civile, sous l'argument qu'on ne peut pas "être juge et victime à la fois". L'avocat a rappelé que c'est la commission bancaire qui a procédé au retrait d'agrément de Khalifa Bank. N.H.