Les étals de ces boutiques sont tout simplement édifiants avec un air de "cour des miracles" pour des clients censés y trouver les remèdes les plus incroyables... Leur apparition dans les grandes artères d'Oran n'est pas passée inaperçue et en quelques mois, plus de quatre enseignes "herboristes, plantes médicinales" ont ouvert consacrant un phénomène de mode. Une mode au relent de business, comme pour tous les commerces, et qui n'hésitent pas à ratisser large, jouant sur l'érudition religieuse de certains revendeurs qui en adoptent le look ou jouant sur l'aspect purement médical avec des vendeuses revêtues de blouses blanches faisant office d'infirmières. Les étals de ces boutiques sont tout simplement édifiants avec un air de "cour des miracles" pour des clients censés y trouver les remèdes les plus incroyables passant du bobo classique aux maladies chroniques ou encore le bien-être : tisanes aux multiples vertus, en vrac ou conditionnées, comme par exemple pour accélérer la prise de poids ou la faire baisser. On peut également y trouver des gélules, des huiles essentielles, lotions et pommades promettant de faire disparaître les affections dermatologiques, les rides, la chute de cheveux. Plus grave, des herbes et tisanes provenant du Moyen-Orient et prétendument destinées aux diabétiques, aux hypertendus et aux malades présentant des troubles gastriques sont encore en vente libre, promettant la guérison. Des clients rencontrés expliquent être surtout à la recherche de remèdes naturels pour améliorer la qualité de leur vie. "J'ai souvent des problèmes d'estomac, je viens voir s'il y a des tisanes pour m'aider", nous explique une jeune femme. Même réaction pour d'autres clientes qui avouent préférer avoir recours à ces boutiques à la place d'une consultation et d'une ordonnance, et d'évoquer l'ancien temps où nos arrière-grands-parents guérissaient tout avec les plantes et se portaient mieux que de nos jours". Un retour aux remèdes dits naturels, mais qui ne s'accompagnent d'aucun contrôle adéquat. Sur les emballages, l'origine des produits est souvent associée à des pays du Moyen-Orient : Egypte et Syrie et des importateurs domiciliés majoritairement à l'est du pays. Pour la Direction du commerce et des prix d'Oran (DCP), interpellée sur ce phénomène, "des plaintes anonymes ont dénoncé l'ouverture de boutiques", nous dit-on sur place. Mais en la matière, le seul argument dont dispose les inspecteurs de la DCP, est le constat d'une infraction aux règles du commerce portant sur le registre du commerce, l'étiquetage, la facture, les dates de péremptions et la nature du produit : "Nous avons effectué des contrôles concernant ces commerces au même titre que les autres, souvent, c'est avec une carte d'artisan qu'ils ouvrent. Pour l'un d'entre eux, nous avons saisi plusieurs produits, 5 boîtes d'huiles, 11 bouteilles de compléments alimentaires et 11 boîtes de Vicks ainsi que d'autres de différentes tisanes et crèmes pour rides" et notre interlocuteur de butter sur les appellations de ces produits saisis. Etrangement, le secteur de la santé n'est jamais intervenu dans ces cas de figure pour contrôler ces pratiques, ayant pignon sur rue, et s'apparentant aux soins de phytothérapie et donc de pratique de la médecine. Un enseignant de la faculté de médecine d'Oran s'insurge et dénonce un vide juridique et l'absence de classification dans le code de déontologie, on parle de phytothérapie mais s'agissant de plantes médicinales et de médicaments à base de ces plantes, il faut un contrôle du secteur de la santé et du Laboratoire national. Il ne faut pas que cela reste uniquement sous la tutelle du commerce. Et d'évoquer un projet de loi sur ce sujet resté lettre morte. Mais la meilleure des vigilances restera celle des consommateurs. D. L.