Résumé : Djoher et Fettouma sermonnent Hasna sur son flegmatisme et sa tolérance envers sa bru. Elles lui recommandent aussi de pousser Samir à renouer avec son ex-fiancée... Si Mordjana reprend le dessus, elle n'ira pas par quatre chemins pour ramener sa famille. Hasna est dépitée. L'influence de ses belles- sœurs sur son moral est indéniable. Djoher et Fettouma étaient insensibles et cruelles. Elle les connaissait bien. Elle savait aussi que leur langage n'était pas tout à fait faux. Mordjana prenait trop de place dans la maison. Voici plus de trois années que ses deux autres fils et même Malika ne juraient que par elle. On dirait que c'était elle la maîtresse des lieux, et lors de certains évènements, on avait été jusqu'à la consulter avant de prendre une décision. -Alors que décides-tu ? Elle allait répondre, lorsque Malika les rejoint et interrompt leur conversation : -De quoi parlez-vous ainsi toutes les trois ? Vous n'en avez pas marre de palabrer ainsi sur vos petits ennuis quotidiens durant tout l'après- midi. -Nous parlons des choses de la vie ma fille, lance Fettouma... Des choses qui arrivent à l'improviste et qui changent le cours de l'existence. Malika hausse les épaules : -Nous ne pourrons jamais changer le cours de l'existence... La vie continue avec ses bons et mauvais moments. Djoher lance d'une petite voix : -On peut tout de même changer certaines choses pour mieux vivre... Hum... Ta mère se plaint de sa vie... Elle dit qu'elle n'avait jamais été heureuse... C'est vrai... Nous la comprenons... Nous espérions cependant qu'après toutes ces années où elle a bu le calice jusqu'à la lie, elle aurait droit à une meilleure vieillesse. Malika fronce les sourcils : -Ma mère est heureuse avec nous... Certes, père n'a pas encore rangé sa bouteille, mais elle n'a plus de quoi se plaindre depuis que nous sommes adultes. -Tu le penses vraiment ? -Bien sûr... N'est-ce pas maman ? N'es-tu pas heureuse maintenant que tu as terminé ton devoir envers nous ? Hasna passe une main nerveuse sur ses yeux pour essuyer ses larmes. Le geste n'échappe pas à Malika qui se penche vers sa mère et demande d'une voix inquiète : -Pourquoi pleures-tu maman ? Tu ne te sens pas bien ? Sans lui laisser le temps de répondre, Djoher lance : -Bien sûr qu'elle ne se sent pas bien... Depuis que cette moins que rien a mis les pieds dans cette maison, tout a totalement changé pour elle. Malika qui commençait à comprendre regarde sa tante d'un air courroucé : -Lorsque nous étions enfants, et avions besoin de vous tous, nous n'avions trouvé personne sur qui compter... Tout le monde s'était détourné de nous... Et maintenant, vous venez vous mêler de ce qui ne vous regarde pas. Pourquoi ? Pourquoi mettez-vous ma mère dans tous ses états. -Nous n'avons rien fait... C'est elle qui se plaint de ta belle-sœur... Et elle a raison... Une fille comme cette vaurienne, ne mérite pas d'être l'épouse de Samir. Elle est une intruse dans cette maison et commence à prendre trop de place... Nous voulions juste attirer votre attention sur ce qui risque de vous coûter cher plus tard. Agacée par ces propos, Malika entoure les épaules de sa mère : -N'écoute pas ces mégères, elles ne sont là que pour te démoraliser et te créer des conflits. - Ah oui ? C'est pour cela, qu'elle n'a pas cessé de se plaindre de sa bru et de son fils ? Nous ne pouvions la laisser se morfondre dans son chagrin... -Arrêtez de lancer des flèches envenimées...Nous nous ne plaignons de rien... Samir est heureux avec sa femme, et nous le sommes tous. Mordjana est une fille bien comme il le faut... Elle est douce, généreuse, sensible et a des doigts d'or... Nous ne pouvons plus nous passer d'elle dans cette maison. Djoher lève ses bras au ciel et les laisse tomber : -Ma parole ! Vous êtes tous ensorcelés... Samir ne voit plus qu'elle et vous autre aussi... -De quoi vais-je me plaindre... Elle est ce qu'elle est... Nous l'apprécions pour sa sagesse, sa modestie et son éducation... -Et aussi sa stérilité... Malika jette un coup d'œil furieux à sa tante Fettouma : - Elle n'est pas stérile et Samir non plus... Allah ne consent pas encore à leur accorder un enfant voilà tout... Pourquoi vous l'incriminez sans savoir exactement de quoi il en tourne. (À suivre) Y. H.