Les architectes du Cnoa observeront aujourd'hui un débrayage d'une journée sur tous les chantiers du secteur public du pays. Les chantiers de réalisation de logements et d'équipements publics, à travers tout le territoire national, seront désertés aujourd'hui par les architectes affiliés au Conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa). Ils répondent au débrayage d'une journée auquel a appelé leur organisation pour dénoncer les niveaux de leurs honoraires jugés "indignes" pour des professionnels en architecture. Ils demandent en fait l'application de l'arrêté 17-1988 qui, selon le président du Cnoa, Djamel Chorfi, traîne sur le bureau du ministère des Finances depuis 1988 à ce jour. "Le SNMG est multiplié par 6 alors que certains de nos collègues et confrères sont payés... 20 000 DA !", révèle M. Chorfi dans une déclaration à Liberté. Notre source trouve illogique, voire inadmissible, que des bureaux d'études étrangers bénéficient de contrats pour le suivi et le contrôle de projets en Algérie avec des honoraires 36 fois plus chers que ceux attribués aux Algériens à qui l'on a confié pourtant les mêmes missions. Si la fourchette des rémunérations se situe entre 54 000 et 100 000 DA pour un spécialiste de 10 ans d'expérience, celle des étrangers, quant à elle, avoisine les 360 millions de centimes. "Est-il acceptable que les études pour lesquelles l'on a chargé des étrangers soient transférables en euros ?", s'interroge dépité le président du Cnoa. Si un architecte algérien soumissionne pour un projet, on lui exige toute une panoplie de pièces constituant le dossier, tandis que le marché est aussitôt accordé aux étrangers sur simple déclaration, déplore M. Chorfi. Pis encore, certains étrangers ne détiennent ni un permis de travail ni une quelconque autorisation d'exercer ce métier, mais ont obtenu quand-même des marchés. "Avec un simple visa touristique, des architectes étrangers ont assuré leurs missions de contrôle et de suivi et d'assistance technique de chantiers sans être inquiétés outre-meure", regrette encore Djamel Chorfi. Pour l'action de protestation, le président du Cnoa la considère beaucoup plus "symbolique" afin d'interpeler les plus hautes autorités du pays sur cette situation que vit leur corporation. Autant de questions qu'il abordera certainement au cours de la conférence de presse qu'il animera aujourd'hui au siège de l'organisation. Pour lui, l'architecte algérien "veut construire son pays parce qu'il n'en a pas d'autre en échange". Il aspire à construire des villes où il fait bon vivre, des villes d'échange et de partage où le caractère aussi nécessaire de l'activité commerciale "ne supplante pas celui des valeurs culturelles, où le tertiaire ne travestit pas le caractère résidentiel, où les loisirs et les activités de détente trouvent leur place de façon naturelle", souligne-t-il. Il aspire à édifier, indique M. Chorfi, des villes où l'homme est placé au centre de la réflexion, "enracinées dans notre patrimoine, mais tournées vers le futur, des villes de technologie et de savoir, des villes pour nos mégaprojets industriels, mais respectant la qualité environnementale". Néanmoins, nuance-t-il, il faut lui donner les moyens pour qu'il exprime son talent en lui accordant plus de faveur par rapport aux étrangers... B. K.