El Khalifa Bank à travers le transfert de fonds illicites vers l'étranger, aurait contribué, pour le président de la Confédération des cadres de la finance, à des opérations de blanchiment d'argent. Le directeur régional de la BEA d'Annaba, accusé dans l'affaire dite de la conserverie El-Boustène d'Annaba et actuellement en prison, serait innocent, selon Karim Mahmoudi, président de la confédération des cadres de la finance et de la comptabilité. Documents “officiels” à l'appui, M. Mahmoudi, lors d'un point de presse organisé, hier, soutient que “le dossier est vide et que le directeur régional de la BEA d'Annaba a été victime d'un règlement de compte local”. La confédération, dit-il, a déjà saisi le président de la république et le ministère de la justice. M. Mahmoudi a bon espoir de voir le banquier, actuellement en prison et en grève de la faim depuis trois jours, recouvrer sa liberté. C'est que pour M. Mahmoudi, ni le directeur régional ni d'ailleurs les responsables de l'agence incriminés n'ont autorité sur le dossier de crédit demandé et obtenu de l'entreprise El-Boustène. Cette dernière a obtenu l'accord pour l'ouverture d'un crédit documentaire refinancé à 60 jours renouvelables (revolving) de 120 millions de dinars pour un programme d'importation de 16 000 t de triple concentré de tomates destiné à l'industrie de transformation de la direction des engagements des petites et moyennes entreprises au niveau central. Le président de la confédération des cadres de la finance et de la comptabilité explique que le directeur régional de Annaba “n'est dans ce cas qu'une courroie de transmission”. En tout état de cause, cette affaire qui, au début, ne s'apparentait qu'à une simple infraction douanière liée à un défaut d'étiquetage semble n'avoir pas encore livré tous ses secrets. D‘autant que le patron de la conserverie El-Boustène, qu'on dit recherché, “circule librement à Alger à bord de sa 607”, affirme M. Mahmoudi. Le président de la confédération des cadres de la finance et de la comptabilité, comme à son habitude, jette un autre pavé dans la mare. Il est convaincu que “les banques privées en faillite ont servi à des opérations de blanchiment d'argent”. De son point de vue, aussi bien dans le scandale de Khalifa que dans celui de la BCIA, la responsabilité incombe à la Banque centrale. L'affaire Khalifa, qualifiée “d'escroquerie du siècle”, est pour M. Mahmoudi “une escroquerie collective et non individuelle” en qualifiant le traitement de l'affaire de politique. Sur la réforme bancaire et financière, Karim Mahmoudi ne se fait trop d'illusions. Il souligne qu'“elle ne pourra pas se concrétiser tant que des gens qui ont servi tous les régimes depuis 1962 demeurent aux postes de responsabilité”. Du coup, il milite “pour le renouvellement du personnel dirigeant des banques, capable de mener véritablement les changements”. M. R.