La réception d'Abderrezak Makri en audience à la présidence de la République consigne l'acte premier de la traduction concrète du message de Bouteflika du 4 juillet dernier où il a affirmé vouer de "la considération" à l'opposition. Finalement, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a fini, à force de persévérance, par obtenir ce qu'il entrevoyait plutôt publiquement que de manière discrète : prendre langue avec le président de la République. Abderrezak Makri, le président du parti, qui a pris place au sein de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) dès la naissance de ce conglomérat partisan, doit être comblé de voir ainsi érigée pour de vrai la passerelle entre son parti et le pouvoir, même s'il n'a pas eu droit à une audience du chef de l'Etat, comme il l'aurait vivement souhaité. C'est Ahmed Ouyahia, le directeur de cabinet de la présidence de la République, qui l'a reçu jeudi sur instruction du président de la République. Cette disponibilité de la présidence de la République à s'entretenir avec un parti de l'opposition intervient à peine quelques jours après le message présidentiel, à l'occasion de la Fête nationale d'Indépendance. Un message dans lequel est exprimée "la considération" à l'opposition. Car, l'envie de Makri de dialoguer avec le pouvoir date de plusieurs mois. Sa requête a été maintes fois renouvelée. L'Icso, qui a dû prendre acte de la volonté du MSP de nouer le dialogue avec le pouvoir, avait estimé, lors de l'un de ses conclaves, que le parti était libre d'avoir ses propres projections partisanes et que celle relative à la recherche de contacts avec la présidence de la République n'était pas en contradiction avec l'esprit de l'Instance. Dans un compte-rendu de la rencontre, rédigé et publié par la présidence de la République, il est indiqué, en effet, qu'Ahmed Ouyahia a reçu le chef du MSP sur "instruction du chef de l'Etat". Le même communiqué précise qu'Abderezzak Makri "s'est exprimé au nom de son parti, soulignant l'attachement de sa formation politique à la stabilité de l'Algérie et rappelant sa contribution au dénouement de la tragédie nationale à travers sa participation aux différentes institutions, y compris au gouvernement". Le document ajoute que Makri s'est référé "à la conférence tenue à Zéralda en juin 2014, et a remis, au nom des participants, le fruit de ce conclave, dans un document intitulé Charte de réforme politique". Selon le communiqué, Makri a résumé l'objectif comme étant "de bâtir un front national afin de permettre au pays de relever ses défis internes et de faire face aux dangers extérieurs". De son côté, Ahmed Ouyahia, souligne le communiqué, a rappelé que "le président de la République nourrit de la considération envers toute la classe politique, y compris les partis de l'opposition", ajoutant que "le rapprochement entre l'opposition et les institutions évoluera davantage à l'ombre d'un respect mutuel et dans le cadre d'un discours plaçant réellement l'intérêt supérieur de l'Algérie au centre des préoccupations de tous, dans le respect des vues de chacun". Le chef de cabinet de la Présidence a fait savoir à Makri, selon le communiqué, que tous les autres membres de la CLTD "seront aussi les bienvenus à la Présidence, conformément à la volonté sincère de M. le Président de promouvoir le dialogue avec tous les acteurs de la scène politique". Pour rappel, la rencontre a été sollicitée par le MSP le mois de juin écoulé. Makri a été accompagné par El-Hachemi Djaâboub et Nacer Hamdadouche. M. M.