Le pouvoir veut-il changer sa stratégie avec l'opposition ? Après des mois d'affrontements et même de diabolisation des acteurs de l'opposition, les responsables du régime tentent d'instaurer de nouveaux rapports avec eux qui seront basés sur le dialogue. C'est ce que l'on peut déduire des déclarations du chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, à l'occasion de sa rencontre, jeudi dernier, avec une délégation du MSP, conduite par le président du parti, Abdarrezak Makri. Tout en acceptant de recevoir la plateforme de l'opposition, adoptée après la réunion du Mazafran en juin 2014, Ahmed Ouyahia – qui a remplacé le chef de l'Etat, malade, lors de cette rencontre – invite les acteurs politiques, regroupés dans l'ISCO et la CLTD, à venir dialoguer au siège de la Présidence. En effet, quelques jours après l'appel de pied lancé par le président Bouteflika à l'adresse de l'opposition, Ahmed Ouyahia tente de concrétiser ce rapprochement. «Le directeur de cabinet de la présidence de la République a prié le président du MSP de faire savoir aux autres partis, avec lesquels il partage l'appartenance au conclave de l'opposition, qu'ils seront aussi les bienvenus à la présidence de la République, conformément à la volonté sincère du Président de promouvoir le dialogue avec tous les acteurs de la scène politique», indique un communiqué de la Présidence, diffusé par l'agence APS. Le chef de cabinet, précise la même source, a rappelé également à ses invités que «le chef de l'Etat nourrit de la considération envers toute la classe politique, y compris les partis de l'opposition». Ahmed Ouyahia, selon la même source, a remercié Abdarrezak Makri «d'avoir remis, à l'attention du chef de l'Etat, le document adopté par la conférence de Zéralda, qui sera étudié avec intérêt». «L'important c'est l'aboutissement» Selon le même communiqué, le chef de cabinet de la Présidence souligne que «le rapprochement entre l'opposition et les institutions évoluera davantage à l'ombre d'un respect mutuel et dans le cadre d'un discours plaçant réellement l'intérêt supérieur de l'Algérie au centre des préoccupations de tous, dans le respect des vues de chacun». Cette rencontre a eu lieu à la demande du MSP, dont les responsables ont voulu rencontrer le président Bouteflika. Mais ce dernier a chargé le chef de cabinet de la Présidence d'accueillir la délégation du MSP. «Nous avons fait le déplacement à la Présidence au nom de notre parti», précise Abderrazak Makri. Et d'ajouter : «J'ai expliqué au chef de cabinet qu'aucune force politique ne peut gérer, seule, le pays dans cette situation, caractérisée par des échecs dans le développement et qui risque d'être compliquée, très prochainement, par l'effondrement du front social.» Le président du MSP affirme qu'il a également insisté sur la nécessité d'installer une commission nationale indépendante pour l'organisation des élections. Abdarrezak Makri refuse toutefois d'évaluer ce contact avec l'émissaire de Bouteflika. «Je ne sais pas s'il y a une réelle volonté du pouvoir de négocier avec l'opposition. On ne peut pas tirer les conclusions dès maintenant. Pour nous, l'essentiel c'est l'aboutissement», souligne-t-il.