La fréquentation des devantures des quartiers de Belouizdad, Hassiba-Ben-Bouali, la place du 1er-Mai, Didouche-Mourad est en chute libre. Le centre-ville d'Alger, d'habitude si dense, particulièrement lors de la dernière ligne droite du mois sacré de Ramadhan, peine à faire "rue comble". S'il fallait la preuve d'une défection annoncée, celle-ci s'illustre par l'image d'une fréquentation en chute libre des devantures des quartiers qui avaient, dans un passé récent, pignon sur les rues de Belouizdad, Hassiba-Benbouali et la place du 1er-Mai. De la sorte, l'Alger "by night" des "sahrate" de ce mois de Ramadhan n'a plus le monopole du shopping du fait que l'Algérois se désintéresse peu à peu des artères commerçantes, rues Larbi Ben-M'hidi et Didouche-Mourad, alors qu'il s'y rendait autrefois pour faire du lèche-vitrine. Alors, plutôt que de transpirer sous les arcades de Bab-Azzoun, le citoyen lambda opte, de nos jours, pour d'autres adresses dites "tendance actuelle". En témoigne l'engouement pour la destination huppée de Sidi-Yahia, réputée pour son enfilade d'échoppes de prêt-à-porter et les snacks pour un en-cas d'avant le s'hour. Pendant ce temps, Bir-Mourad-Raïs s'illumine au Carrefour qui éclaire l'avenue Slimane-Amirat, et le bazar Hamza de Bach-Djarrah met de l'ardeur pour séduire une clientèle de "shoppeuses" des cités de banlieues, soucieuses de trouver "tasdira" à leurs tailles et la location d'une robe de mariée à un prix défiant toute concurrence de même qu'un karacou, caftan ou bedroun. Autre adresse dans l'agenda des sorties nocturnes, celle des Pins maritimes sur la RN n°11 de Mohammadia (ex-Lavigerie), où la "corvée" du shopping à tout l'air d'une excursion. Pour l'exemple, le stationnement est aisé dans l'immensité du parking du centre commercial Ardis, où il est loisible d'humer l'air marin et de se dégourdir les jambes pour une meilleure digestion. Autre commodité et pas des moindres, l'air conditionné aide à mieux comparer avant d'acheter, et la joie est d'autant perceptible chez les enfants qui goûtent ainsi à la liesse autour du manège. C'en est donc fini de l'époque "eddi oula khelie" (à prendre où à laisser) de triste mémoire des pénuries d'antan, puisqu'on assiste d'une façon rythmée à l'irrésistible ascension du client vers la formule consacrée "le client est roi !". C'est qu'ils ne se suffisent pas de mots ces jeunes managers fraîchement sortis de l'université, qui s'appliquent à asseoir l'abécédaire de la relation échoppe-client afin de séduire une clientèle tout près de ses sous, dit-on. Certes, il est vrai qu'il y a tant à faire, et ce n'est pas gagné, pour "guérir" une clientèle des affres résultants du monopole de l'Etat sur le commerce extérieur. Dans ces conditions, et se sachant courtisé, le client n'a que l'embarras du choix qui l'attend au premier Uno hypermarché d'Alger ouvert au Centre commercial et de loisirs sis au nouveau quartier d'affaires de Bab Ezzouar, soit à un quart d'heure du centre-ville d'El-Âassima et à une gorgée de cherbet de l'aéroport international Houari-Boumediene d'Alger. "L'option des grandes surfaces est motivée d'abord par l'aspect sécuritaire des lieux et l'insouciance de flâner dans le dédale des rayons. Outre cela, l'atout parking est attractif, et les articles vestimentaires pour enfants sont à portée de main à Uno. Pour le bonheur, rien ne vaut une dégustation de glaces à l'instant même où nos chérubins s'épanouissent dans les aires de jeux", a déclaré ce père de famille, un habitué des lieux. En conclusion, le plaisir du shopping n'est plus l'apanage unique des rues réservées comme de tradition aux préparatifs des gâteaux et aux achats des vêtements d'enfants pour le cérémonial de l'Aïd el-fitr, du fait que le citoyen lambda n'a que l'embarras du choix pour aller là où toutes les commodités sont réunies. En ce sens, une sortie vers les grandes surfaces de la périphérie d'Alger augure d'une nouvelle ère, celle d'allier l'utilité des achats à l'agréable soirée animée de loisirs récréatifs, et c'est tant mieux pour le citoyen qui a été longtemps sevré des règles élémentaires inhérentes à l'accueil et à la formule utopique du "satisfait ou remboursé". L. N.