Pour absence de casier judicaire dans les dossiers des prévenus, le procès des trente-cinq personnes arrêtées suite aux affrontements intercommunautaires qui ont secoué la vallée du M'zab, prévu hier, au tribunal de Ghardaïa, a été reporté à la semaine prochaine. En détention préventive, 35 personnes arrêtées suite aux affrontements tragiques de Ghardaïa ont été présentées hier devant le juge. Devant le tribunal, pas de rassemblement de protestation, comme il était coutumier de le relever. Dans la salle d'audience, le calme était de mise. L'audience, en présence des familles des prévenus, s'est ouverte avec le prononcé du verdict dans l'affaire d'un prévenu jugé mardi dernier pour le même chef d'inculpation d'attroupement armé et de port d'armes blanches. Le prévenu, répondant au nom Bouhoune Laziz, écopera de six mois de prison ferme. Il a un délai de dix jours pour faire cassation, s'il le souhaite, lui rappelle la juge qui enchaîne par donner lecture de la liste des prévenus-détenus, au nombre de 35, qui devaient être présentés ce jour devant le tribunal. Ils ont été arrêtés puis présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Ghardaïa, entre le 6 et le 12 juillet. Parmi eux, 5 n'ont pas pris d'avocat pour constituer leur défense. La juge leur demande s'ils veulent reporter l'audience. Après consultations, ils optent pour plaider. Mais la juge finira tout de même par reporter le procès pour "absence de pièces maîtresses dans les dossiers des accusés". Il s'agit, en effet, des casiers judiciaires des prévenus-détenus. Un motif qui ne manquera pas de provoquer la colère de la défense. "C'est à la justice de fournir ces pièces qui doivent obligatoirement figurer dans les dossiers des accusés puisqu'ils sont en détention. Nous nous interrogeons sur le pourquoi d'un tel oubli ?", peste Me Daddi Oubekka Mounir, un des avocats du collectif de la défense. Il demande d'ailleurs la liberté provisoire pour un de ses clients, Abdeslam Bahmani, 30 ans, grièvement blessé à l'œil et qui portait encore ce matin-là un pansement. "L'audience ne sera tenue que mardi prochain, le 21 juillet 2015, et mon client risque de perdre son œil d'ici là. Je demande une liberté provisoire pour qu'il puisse se soigner entre-temps", a-t-il demandé. La juge opposera un niet catégorique. Inquiétudes des avocats de Fekhar Le représentant du collectif des avocats de Kamel-Eddine Fekhar et de ses 26 compagnons (dont 5 en liberté provisoire), Me Ahmine Nourredine s'est particulièrement montré inquiet hier au sujet de ses mandants. "Ils n'ont pas encore été présentés devant le parquet. Nous ne savons pas s'ils sont réellement au commissariat central ou ailleurs. La loi algérienne ne permet pas à l'avocat de prendre attache avec son client lorsqu'il est en garde à vue", indique-t-il. Pour rappel, la garde à vue est de 48h renouvelables, pouvant aller jusqu'à 12 jours, selon le chef d'inculpation qui peut relever de la correctionnelle, du criminel ou carrément du terrorisme national ou transnational. "Dans le cas de Fekhar, nous ne savons rien encore. Nous n'avons pas encore accès au dossier. Mais puisqu'une semaine est passée depuis son arrestation jeudi dernier, il est clair que nous nous acheminons vers des chefs d'inculpation graves", soutient-t-il. Me Ahmine Nourredine y entrevoit un signe inquiétant, dans le sens où, par ailleurs, il n'y a pas eu d'incidents au centre de Ghardaïa durant les violences qu'a enregistrées la région. Le carnage a, pour rappel, été commis dans la localité de Guerrara, à 120 km au nord-est de Ghardaïa, faisant 19morts et des dizaines de blessés dans la nuit de mardi à mercredi dernier. M. M.