Un préavis de grève a été déposé le 18 décembre dernier. Il doit prendre effet le 2 janvier prochain. Le conflit auquel est confrontée la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) connaît un nouveau rebondissement avec le sit-in organisé, hier, devant le siège de la direction générale. Celui-ci intervient en prévision de la grève à laquelle le syndicat a appelé. Le syndicat de l'entreprise revient pratiquement avec la même plate-forme de revendications marquée principalement par le contrat de partenariat passé avec les Emiratis, et qui semble énormément inquiéter les travailleurs dans la mesure où il signifie, selon eux, “la liquidation de la SNTA”. Ils s'interrogent sur la manière dont a été traité ce dossier en “catimini” et de leur exclusion lors des consultations. M. Messai, président du directoire de la SNTA, ne l'entend pas de cette oreille. “Les représentants des travailleurs ne pouvaient être qu'informés puisque les membres du comité de participation sont partie prenante au conseil de surveillance en plus des représentants des partenaires sociaux”, a-t-il expliqué tout en vantant les bienfaits du partenariat conclu avec les Emiratis et qui devra générer plus de 600 nouveaux emplois. “Les employés actuels ne seront en aucune manière touchés et n'ont aucune raison de s'inquiéter à ce propos”, a rassuré Messai, visiblement étonné de l'attitude des syndicalistes qui refusent tout dialogue. “Depuis cinq ans, les représentants syndicaux refusent de signer des PV qui sanctionnent nos rencontres. Je ne peux me permettre de continuer à dialoguer sans avancer. Ils doivent prendre leurs responsabilités”, a-t-il martelé en déclarant clairement qu'il n'était pas, outre mesure, inquiété par la grève qui se profile. “Au lendemain même du dépôt du préavis de grève, nous avons affiché à l'intention des travailleurs un écrit explicatif qui fait ressortir que la grève n'a pas lieu d'être, mais aussi que le syndicat doit se présenter avec des arguments qui tiennent la route pour amorcer un dialogue sérieux”, a-t-il déclaré et de conclure : “Il faudrait d'abord que le syndicat s'attelle à réunir ses adhérents et à tenir une assemblée générale comme le veut la procédure légale.” Ce qui ne semble pas, selon notre interlocuteur, être le cas. Les syndicalistes, pour leur part, mettent en évidence les carences dans la gestion de l'entreprise. Ils parlent de l'activité cigarettes assurée par six unités de production. Celle-ci emploie 20% de l'effectif total de l'entreprise, toutes catégories confondues, comme elle réalise la plus importante proportion de la production par rapport aux autres unités, soit 37%. Cette unité est, selon eux, sous-engagée dans le processus de production. À peine la période d'amortissement comptable atteinte, précisent-ils, qu'elle fonctionne désormais avec à peine 40% de ses capacités. Les syndicalistes dénoncent aussi l'augmentation des prestations de 600% et l'augmentation de l'achat des pièces de rechange locales de 338%. Plus loin encore, les syndicalistes s'étonnent que la régression du résultat brut n'ait jamais suscité l'inquiétude du président du directoire d'autant plus que les charges susmentionnées s'inscrivent dans des transactions conclues en marge des procédures légales et réglementaires auxquelles il était bel et bien informé. Les syndicalistes, qui revendiquent la délocalisation de l'unité Boufenara (Bab El-Oued) et la permanisation des agents contractuels, accusent le directeur d'“alimenter davantage les tensions qui prévalaient non seulement par le non-respect des engagements pris en présence des responsables du gouvernement, mais il prend d'autres décisions provocatrices et ce, en pleine situation conflictuelle dont, notamment, la rupture des relations de travail, les suspensions des travailleurs, les mutations, les nominations et les sanctions”. Pour ce qui est de l'unité de Bab El-Oued, le directeur a expliqué que les 330 employés ont été affectés vers d'autres unités. Quant aux cas de licenciement, ils n'ont concerné, selon M. Messai, que des agents de gardiennage et de sécurité à contrat à durée déterminée. N. S.