Plusieurs dizaines de cadres syndicaux des 17 unités de la société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) ont observé, hier à Alger, un sit-in au siège de la direction générale. Venus de trois régions du pays (centre, est et ouest), ces derniers ont reproché à l'administration “l'absence d'une stratégie de développement” et “la perte des parts de marché”, ainsi que “la décision” de fermer l'unité allumettes de Aïssa El-Bey de Belcourt (Alger). Dans une déclaration rendue publique, les syndicalistes ont déploré “l'absence de rigueur” devant certains actes de gestion, “préjudiciables” à la société et au personnel, ainsi que “l'absence d'un dialogue constructif”. Selon eux, “les harcèlements et les dépassements” exercés contre les élus des salariés ne visent qu'à “contourner les vrais débats sur le devenir de l'entreprise”. “Les syndicalistes refusent l'approche initiée par le directoire à conditionner la satisfaction des revendications (…) à la fermeture des unités”, ont noté les contestataires, en dénonçant notamment la non-délibération de l'indemnité d'intéressement aux résultats de l'entreprise, le refus de l'octroi de la prime de rendement-matière et la “transgression” de la loi relative à l'immunité des élus. Ils ont rejeté avec force la fermeture de l'unité d'Alger, estimant que l'environnement de la SNTA, qui emploie plus de 5 000 travailleurs, présente “des opportunités et non des menaces”. Tout en réaffirmant leur détermination à défendre les intérêts des travailleurs, ils ont adopté le principe du débrayage et mandaté le conseil syndical pour le dépôt du préavis de grève. Un appel a été lancé par les syndicalistes en direction des autorités publiques, en vue d'une prise en charge “effective d'une entreprise livrée à elle-même”. Soulignons que Liberté a été destinataire hier d'un document émanant d'un groupe de cadres de la SNTA, qui critique “la politique de gestion” de la société. Il est fait cas du non-respect du “principe de réalité des enregistrements” comptables, d'un “écart” de 172 millions de dinars et d'“anomalies” au niveau de la trésorerie. Dans ses conclusions, le document relève “l'absence de stratégie managériale” et de “système de gestion intégré”, en s'interrogeant sur “la crédibilité” des états financiers et comptables émis, alors qu'il s'agit de “comptes audités”. Il recommande enfin un audit global de certains comptes, dont les comptes achats de tabacs, fournisseurs étrangers, carburants et lubrifiants, ventes succursales et versements des recettes. Hier, le directeur général de la SNTA, que nous avons pu joindre par téléphone, a confirmé la fermeture de l'usine d'Alger le 1er juin prochain, pour arrêter les frais inutiles. Ahmed Major a expliqué que “la vente des allumettes des 2 usines, d'Alger et de Khroub (wilaya de Constantine) ne représente que 0,6% du chiffre d'affaires”. Selon lui, l'usine de Khroub est “largement capable de répondre au marché”, dans le contexte concurrentiel actuel. Quant aux salariés de l'usine d'Aïssa El-Bey, ils seront affectés dans les autres unités d'Alger et “gagneront leur vie normalement”, a affirmé M. Major. Interrogé sur le dialogue avec le partenaire social, ce dernier a indiqué qu'il n'a jamais été rompu avec les syndicalistes, en soutenant que son personnel ne souffre d'aucun “problème socioprofessionnel”. “Nos travailleurs sont les mieux payés dans la branche et la SNTA est une entreprise qui fait les plus grands bénéfices après Sonatrach”, a signalé Ahmed Major, en annonçant “l'affectation prochaine d'une partie des bénéfices au personnel”. Interrogé sur les critiques formulées par des cadres sur la gestion de la SNTA, notre interlocuteur a mis en avant “les 10 milliards de dinars de bénéfice net annuel”, en reconnaissant que l'organisation, quoique “correcte, peut être améliorée”. “Malgré la concurrence, nous sommes en train de retrouver notre position d'il y a 2 ans”, a-t-il conclu. Hafida Ameyar