Les représentants syndicaux des 17 unités composant la SNTA vont observer, le 13 novembre prochain, un sit-in devant le siège national sis à Belcourt. Ce recours à l'action de rue a été décidé lors d'une assemblée générale organisée mardi dernier par le conseil national du syndicat d'entreprise. Les témoignages rapportés par les participants affirment que les signaux sont au rouge au niveau de la base et confirment le climat délétère qui règne au sein de l'entreprise, comme souligné dans les déclarations du 6 juin et du 14 septembre 2005. « La crise multiforme que traverse la SNTA en l'absence d'une volonté de prise en charge réelle et effective dans un cadre serein et responsable s'accentue davantage », lit-on dans cette dernière déclaration.La sentence résulte d'un nombre d'actes constatés dans la vie de l'entreprise qui ne cesse de régresser à une vitesse vertigineuse. En témoignent les arrêts répétitifs de certaines unités de production, à l'image de celle de Bentaïba, ou encore les ruptures de stocks fréquentes des matières premières et fournitures. La production des cigarette n'a jamais été aussi bas depuis des années bien que la demande soit en hausse alors que la commercialisation a perdu en une année près de la moitié de sa clientèle. Last but not least, la production du tabac priser-marcher, qui s'approvisionnait intégralement grâce au produit de la culture nationale, est obligée aujourd'hui de recourir à l'importation alors que l'activité allumettes demeure en veilleuse. Ce sombre tableau dessiné par le partenaire social sonne le glas pour le deuxième contribuable, après Sonatrach, et projette un avenir de plus en plus flou pour des milliers de travailleurs. Jamais les perturbations n'ont atteint de degré aussi grave, alors que le bras de fer entre le directoire et le syndicat touche à son paroxysme. La responsabilité de cette situation est imputée au directoire qui navigue à vue, selon un cadre syndicat. « L'arrêt de la production est la conséquence de l'absence d'une gestion prévisionnelle, bien que la SNTA, créée en 1963, devrait disposer d'un capital expérience lui permettant d'éviter de tels dysfonctionnements. » La crise chronique que connaissent l'ensemble des secteurs d'activités est attribuée, d'ailleurs, à « l'absence d'un cadre managérial capable d'arrêter une politique permettant à l'entreprise de se préserver en tant que pôle économique et social », poursuit la déclaration. Et comme unique réaction, ce directoire manœuvre pour entraver l'activité syndicale et persiste dans sa logique de pression sur les délégués, nous a affirmé, hier, Zaouche Saïh, secrétaire général du syndicat national affilié à l'UGTA. « Il est allé jusqu'à vouloir empêcher leur déplacement pour assister à l'AG, mais sans toutefois parvenir à ébranler leur détermination puisque tous ont marqué leur présence en se déplaçant par leurs propres moyens », ajoute-t-il. Ce qui est étonnant dans cette histoire, c'est bien le silence de l'Etat, détenteur de la totalité des actions de l'entreprise, face à cette crise qui risque d'emporter la SNTA et provoquer un grave préjudice pour la stabilité sociale. On pourrait comprendre l'aversion du gouvernement à octroyer le crédit à l'opinion syndicale, mais dans ce cas précis le syndicat n'est pas le seul à avoir tiré la sonnette d'alarme sur les problèmes de gestion. L'Inspection générale des finances avait établi, l'année dernière, un rapport accablant sur la base de pratiques illégales occasionnant des dégâts importants dans le complexe de Khroub durant les années 2002 et 2003, alors que le commissaire aux comptes a épinglé la direction du même complexe (le plus important) à cause d'un trou de 17 milliards enregistré durant l'exercice précédent. Y aurait-il une politique délibérée pour casser la SNTA ? Le premier responsable du syndicat refuse de se prononcer sur cette question, mais reconnaît, toutefois, que la multiplication de fâcheux évènements et la « mauvaise gestion » qui persiste en toute impunité imposent la réflexion.