Paige Alexander est l'administrateur adjoint du Bureau pour le Moyen-Orient de l'Agence pour le développement international (Usaid). Mme Alexander conduit le Bureau, y compris les efforts des missions de l'Usaid et les programmes de développement dans dix pays d'Afrique du Nord à travers le Moyen-Orient. Elle supervise un portefeuille vaste et diversifié qui fournit près de 1,4 milliard de dollars par année en aide à travers la région. Chef de la délégation des Etats-Unis d'Amérique lors de la conférence d'Alger sur l'extrémisme violent et la déradicalisation, Paige Alexander a bien voulu répondre à nos questions. Dans cet entretien, elle livre la vision américaine de lutte contre le terrorisme et ses rapprochements avec la solution politique et pacifique que prône l'Algérie au Sahel. Liberté : Mme Paige Alexander, bienvenue en Algérie. Dans quel contexte intervient, selon vous, la Conférence d'Alger sur l'extrémisme violent et la déradicalisation ? Les Etats-Unis d'Amérique y placent-ils des attentes particulières ? Mme Paige Alexander : Cette conférence fait partie d'une série de six conférences de suivi régionales. Elle fait suite au Sommet de lutte contre l'extrémisme violent (CVE) que la Maison-Blanche a abrité en février à Washington. La Conférence d'Alger tire profit de la grande expérience du gouvernement algérien dans la déradicalisation. C'est une occasion pour nous tous d'étendre et de partager les outils nous permettant d'aborder l'extrémisme violent aujourd'hui et de prévenir la menace de demain. La possibilité de partager les meilleures pratiques dans cette région est une étape concrète et importante vers l'utilisation d'une approche qui implique toute la société pour faire face aux préoccupations que nous partageons tous. Le ministre Abdelkader Messahel a cité dans son discours d'ouverture l'attaque terroriste de Tiguentourine, et celle toute récente d'Aïn Defla, pour dire que la menace terroriste pèse toujours. Cela est-il source d'inquiétudes pour les Américains ? La lutte contre l'extrémisme violent dans le monde est un objectif commun pour nous tous, étant donné la réalité à laquelle nous sommes tous confrontés. Nous condamnons les récentes attaques à Aïn Defla, ainsi que les autres attaques qui ont eu lieu dans toute la région. Nous exprimons nos condoléances à ceux qui ont perdu des êtres chers et nous espérons que nos efforts conjoints pour déradicaliser et contrecarrer l'extrémisme violent pourront nous rapprocher plus de l'élimination de l'extrémisme violent. Quelle évaluation faites-vous de la situation sécuritaire en Algérie ? Les moyens et les efforts déployés pour lutter contre le terrorisme vous semblent-ils conséquents ? Pensez-vous que l'Etat islamique (EI), appelé communément Daech, a des chances de se déployer en Algérie ? Il était utile pour nous, au cours de cette conférence, d'écouter la longue histoire de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme, ainsi que ses efforts efficaces dans la déradicalisation. L'Algérie a beaucoup à partager avec d'autres pays dans la lutte contre le fléau du terrorisme. L'un des éléments les plus intéressants dans le fait d'avoir plus de 40 gouvernements et près de 20 organisations internationales et de la société civile représentés était d'écouter les meilleures pratiques. Nous avons dit qu'il serait utile de recueillir ces initiatives dans un recueil des meilleures pratiques, des approches de programmation et des ressources de façon à partager toute cette information, et d'apprendre les uns des autres. Comment évaluez-vous le rôle de l'Algérie dans le Sahel ? L'Algérie privilégie la solution politique dans le règlement des conflits armés dans la région. Soutenez-vous cette démarche ? Êtes-vous satisfaite des résultats obtenus jusqu'ici ? L'Algérie a joué un rôle diplomatique réussi en réunissant les différentes parties du conflit dans le nord du Mali. Nous soutenons les efforts diplomatiques de l'Algérie et saluons son leadership à poursuivre une solution pacifique. M. M.