En procédant à l'arrestation de 17 personnes, notamment des membres du Comité national pour la défense des droits des chômeurs, Amnesty International considère que les autorités algériennes "ont bafoué leurs obligations internationales". Dans un rapport publié jeudi, Amnesty International estime que "les autorités algériennes ont accru la répression à l'égard des personnes mobilisées contre le chômage et contre l'exploration du gaz de schiste par fracturation hydraulique", durant le 1er semestre de l'année 2015. Il est ainsi souligné que "17 personnes, notamment des membres du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC, une organisation qui proteste depuis de nombreuses années contre la pénurie d'emplois dont souffrent les habitants du centre et du sud de l'Algérie, des régions riches en ressources gazières et pétrolières), ont été poursuivies en justice pour avoir participé à des manifestations". Amnesty International rappelle que 16 d'entre elles "ont été condamnées à des peines allant de quatre mois à deux ans d'emprisonnement". Entre autres motifs, cette organisation internationale souligne que "trois hommes, dont deux membres du CNDDC et un caricaturiste, ont été traduits en justice après avoir publié en ligne des commentaires sur des manifestations contre l'exploration par fracturation et sur d'autres questions, et dénoncé l'arrestation de militants". Des faits qui font craindre à Amnesty International que "ces poursuites n'aient été déclenchées pour des raisons politiques, pour punir les intéressés de s'être mobilisés et d'avoir critiqué les autorités". Aussi, Amnesty International considère qu'en "bafouant leurs obligations internationales en matière de droits humains, les autorités algériennes ont recours à une série de lois répressives utilisées de manière plus générale pour étouffer les voix dissidentes et la contestation pacifique". Le rapport s'est particulièrement penché sur le code pénal algérien et a remis en questions des lois qui, du point de vue d'Amnesty International, vont à l'encontre des droits de l'Homme. "Les autorités algériennes utilisent un éventail de lois répressives pour étouffer l'opposition. Bien que le droit de réunion pacifique soit garanti dans la Constitution algérienne et les traités internationaux ratifiés par l'Algérie, le code pénal contient plusieurs dispositions permettant de sanctionner pénalement les rassemblements pacifiques dans certaines circonstances", peut-on lire dans le document. Amnesty International cite comme exemple l'article 97 du code pénal qui "interdit les rassemblements non armés dans les lieux publics lorsque l'on estime qu'ils sont de nature à troubler l'ordre public". Aussi, l'article 98 qui "prévoit des peines allant jusqu'à trois ans d'emprisonnement lorsque les participants n'obéissent pas à un ordre de dispersion", ainsi que l'article 100, qui stipule que "la provocation à un attroupement non armé par des discours, des écrits ou des imprimés publics est passible d'un an d'emprisonnement". Des dispositions, rappelle la même ONG, qui "ont été utilisées pour traduire en justice des membres du CNDDC de Laghouat et El-Oued qui ne faisaient qu'exercer leur droit légitime à la liberté d'expression et de réunion pacifique". M .M.