Résumé : Alors qu'elle portait ses nouvelles tenues, Mordjana repense à sa rencontre du hammam. La vieille femme lui avait conseillé d'essayer des massages. Elle en parle à son mari. Samir désavoue ces idées d'une autre époque, mais comme elle insistait il passe sous le joug et ne s'y oppose pas. Elle se tut un moment puis reprend : -Dès notre retour à la maison, je vais téléphoner à grand-mère pour lui demander conseil... Elle pourra toujours m'orienter. La voyant replonger dans la tristesse, Samir lui entoure les épaules et la serre contre lui : -Tu fais comme tu veux Mordjana... Tu sais bien que je ne peux rien te refuser. Elle se laisse aller contre son épaule et soupire encore : -Si seulement ce problème n'avait pas surgi dans notre couple, nous aurions été tellement heureux ensemble. -Mais nous le sommes ma chérie... N'oublie pas que nous sommes encore jeunes, et que tous les espoirs sont encore permis. Ils reprirent le chemin du retour dès le lendemain. Malgré tout, ce petit voyage leur avait permis de se retrouver et de vivre ensemble quelques moments loin de la famille et des aléas quotidiens. Quelques jours passent. Mordjana avait hésité à contacter sa grand-mère. Cependant, son envie d'enfanter lui sembla un bon prétexte pour demander à cette dernière de l'orienter. Un soir, alors que Samir était plongé dans son travail, elle prend son téléphone et discute longuement avec son aïeule. Cette dernière n'était pas du tout surprise d'apprendre que sa petite-fille voulait avoir recours à des méthodes traditionnelles, maintenant que toutes les tentatives médicales et scientifiques n'avaient rien donné. Qui ne tente rien n'a rien, lui avait-elle dit... Tu veux faire des massages pour "réveiller ton ventre", n'hésite pas... Tu n'auras d'ailleurs rien à perdre, puisque ces anciennes méthodes n'ont aucun effet néfaste sur le corps. Bien au contraire, tu vas plutôt te sentir un peu plus relaxée et plus légère... Cependant, ne t'attends pas à des miracles... Si cela ne prend pas, ne retombe surtout pas dans ce cercle mélancolique dans lequel tu te confines ces derniers temps. Mordjana avait écouté sa grand-mère jusqu'au bout. Elle décide de rentrer chez elle au Sud, et de ce rendre chez l'une de ces matrones du village qui avaient pour mission de suivre les grossesses et d'assister les femmes dans leur accouchement. Bien sûr, cela n'avait rien à voir avec les progrès médicaux ni les relents du modernisme, mais elle n'en eut cure... Que ne ferait-elle pas pour tomber enceinte dans les prochains mois ! Elle prend quelques jours de congé, et apprend à son mari qu'elle voudrait rendre visite à ses grands-parents. Elle n'eut pas à argumenter ce désir, car il avait déjà tout deviné. Il la connaissait maintenant assez pour comprendre que lorsqu'elle avait une idée en tête, elle ne la lâchait plus. Il avait compris aussi ses motivations, et ne voulait en aucun cas, l'empêcher d'aller jusqu'au bout de ses espoirs. C'est sans contrainte qu'il adhère à son désir de partir au Sud. Sans tarder, il lui réserve une place sur le seul vol de la semaine, et l'aide à faire ses bagages avant de l'accompagner le jour prévu à l'aéroport. Mordjana embarque, et il rentre à la maison, en ayant l'impression de vivre hors du temps. Il se sentait si seul sans elle... Si désorienté dans ses projets et dans sa vie quotidienne. Ils avaient appris à compter l'un sur l'autre, si bien que même une petite séparation les rendait tristes. Il aurait bien voulu l'accompagner. Mais elle s'était opposée. Elle voulait partir seule et affronter le destin... Et puis, il était lui-même très occupé ces derniers temps... Il plongeait corps et âme dans le boulot pour oublier l'amère réalité... Il soupire : Mordjana n'était pas la seule à souffrir de leur situation... Lui aussi souffrait... Il souffrait profondément, mais contrairement à elle il savait dominer ses émotions... Il revint à la maison, la mort dans l'âme. L'avion amorce l'atterrissage, et la jeune femme lance un coup d'œil par le hublot. La ville s'étendait sous ses pieds. Une image pittoresque, qu'elle contemple avec beaucoup d'émotion. Elle n'avait prévenu personne de son arrivée. Même pas sa grand-mère. Elle récupère ses bagages et quitte le hall de l'aéroport pour héler un taxi. "Pas besoin de faire du bruit, se dit-elle, je vais me rendre directement chez les grands-parents." (À suivre) Y. H.