“Un véritable changement dans l'approche du développement a été réalisé par les politiques (décideurs), une synergie entre tous les différents départements ministériels, un écho très favorable, un engouement et un résultat très positif constaté après la mise en œuvre de quelque 1 000 projets-pilotes de développement rural (PPDR) sur l'ensemble du territoire algérien. La réussite constatée garde, cependant, un caractère pilote et isolé, et les projets réussis sont le travail de cadres formés et ayant compris toute la philosophie de la nouvelle démarche”. C'est là l'une des conclusions auxquelles sont arrivés des chercheurs dans leur évaluation du PNDAR, lancé en 2000. Or, sans véritable formation des agents des institutions locales en charge de l'encadrement et de la mise en œuvre des projets, avertissent ces experts, la rupture avec les anciens modes de gestion des projets risque de ne pas se faire. C'est le cas de Sidi Fredj, une commune de l'extrême-sud de la wilaya de Souk-Ahras, l'une des 5 municipalités les plus pauvres d'Algérie. Le choix des enquêteurs s'est porté sur cette communauté située à la frontière algéro-tunisienne. Elle est marquée par une forte dégradation de son espace agricole et pastorale et une désagrégation de son unité sociale. Les années successives de sécheresse qu'elle a vécue ont permis la montée en cadence des activités informelles non agricoles. Le Pndar n'a, selon l'étude, pas eu d'effets visibles. Sidi Fredj, l'une des communes les plus pauvres d'Algérie Il est ainsi constaté un décalage entre l'administration centrale et celle locale. Les projets existent, mais les agents chargés de leur mise en œuvre ne sont pas toujours formés pour appliquer les nouvelles approches contenues dans la philosophie du Pndar. En effet, c'est la démarche participative qui est la plus privilégiée dans le plan. Or, la gestion habituelle de ce type de projet a été, jusque-là, purement administrative pour ces responsables locaux. à cela, il faut ajouter le “trabendo” qui a touché plusieurs produits alimentaires, l'eau, la pièce de rechange pour véhicules… Ces activités informelles sont pratiquées par un groupe restreint d'individus. Ce qui constitue, selon les résultats de l'étude, un frein à l'introduction d'agents officiels au sein de cette communauté. Les experts avouent dans leurs conclusions que le crédit est quasiment absent dans cette communauté. “Seulement un tiers des exploitations enquêtées dans la communauté ont bénéficié d'un crédit. 70% des crédits ont été réalisés auprès de la famille élargie ou des connaissances”, lit-on dans les conclusions de ce rapport. Il s'agit principalement d'emprunts de moyen terme de 5 ans de l'ordre de 250 000 DA pour les grands agriculteurs éleveurs. Les 31% des crédits, indiquent les enquêteurs, ont servi à la recapitalisation en animaux et les 26% au financement de la campagne agricole. Le reste se répartit pour la couverture des besoins sociaux ou l'équipement. Cette situation peu reluisante a poussé les chercheurs à s'intéresser davantage à cette communauté. Ils l'ont choisie comme exemple de modèle pour montrer les obstacles aux transferts technologiques dans les petites et moyennes exploitations agricoles des zones arides et semi-arides du Maghreb. Ce projet a été financé par le Fonds euroméditerranéen des instituts socioéconomiques (Femise) qui est lui-même une continuité d'un autre (projet) dit Machreq-Maghreb. Les chercheurs de l'institut national de la recherche agronomique d'Algérie (Inraa) ont appliqué une méthodologie fondée sur des paramètres telle que la sécheresse, changement d'une organisation institutionnelle et l'introduction d'une nouvelle technologie. Pour ce dernier facteur, les experts se sont intéressés à la culture de l'Opuntia (cactus) (figue de Barbarie). à ce propos, la communauté de Sidi Fredj est un cas très révélateur, qui, à travers l'exemple des plantations d'Opuntia peut répondre, estiment les enquêteurs, à un certain nombre d'objectifs du Pndar en s'appuyant sur un organisme tel que le HCDS et les autres administrations présentes sur cet espace. Ce produit agricole peut être utilisé pour une alimentation humaine et le bétail. Il existe, selon les experts, au moins une cinquantaine de sous-produits de cactus. Le développement de cette culture permet de maintenir le cheptel des habitants de cette communauté, de garantir leurs revenus qu'ils investiront dans des projets agricoles et d'améliorer, enfin, la qualité du sol. Mieux, un marché d'opuntia a été aussitôt développé à Sidi Fredj. B. K.