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Occupy Tikjda...
La résistance citoyenne autrement
Publié dans Liberté le 08 - 08 - 2015

Les touristes, algériens et étrangers, qui commençaient à affluer depuis quelques années sur les lieux,se font de plus en plus rares. Un problème d'insécurité ? Pas seulement.
L'effet répulsif s'avère être essentiellement l'"œuvre" des acteurs du tourisme local. "Liberté" s'est déplacé sur les lieux en passant par les trois structures du Complexe national des sports et loisirs de Tikjda (CNSLT) : l'hôtel, l'auberge et le chalet du Kef. Etat des lieux.
Le chalet "Le Kef"/ © SalimKOUDIL
Tikjda n'est pas synonyme de terrorisme et de peur. Une affirmation loin d'être un slogan creux. Nombreux sont les citoyens qui le pensent et qui mettent "la main à la pâte" pour promouvoir, sur le plan touristique et environnemental, la destination Tikjda. Ainsi, une résistance citoyenne spontanée s'est créée, dépassant les structures des partis politiques et les actions publiques plus ou moins efficaces. Des initiatives privées émanant d'étudiants, de professionnels du tourisme ou tout simplement de bénévoles, viennent égayer les hauteurs des lieux. À défaut de créer, à l'instar de plusieurs régions du monde, un mouvement de protestation du genre "occupy", ces indignés algériens ont trouvé leur propre manière d'investir les lieux. Des actions loin d'être faciles dans une région où l'effet post-Gourdel se fait toujours sentir. Presque 11 mois après l'assassinat du ressortissant français, les lieux n'ont pas encore repris "vie". Les touristes, algériens et étrangers, qui commençaient à affluer depuis quelques années sur les lieux se font de plus en plus rares. Un problème d'insécurité ? Pas seulement. L'effet répulsif s'avère être essentiellement l'"œuvre" des acteurs du tourisme local. Liberté s'est déplacé sur les lieux en passant par les trois structures du Complexe national des sports et loisirs de Tikjda (CNSLT) : l'hôtel, l'auberge et le chalet du Kef. Etat des lieux.
Tikjda /© SalimKOUDIL
Démobilisation et désengagement !
À l'arrivée le soir, sur place, pour rentrer à l'hôtel ou à l'auberge, il faut montrer patte blanche. La sécurité, même si elle n'est pas très renforcée, comme il y a quelques mois, est toujours visible, et surtout plus stricte. Si, auparavant, il était demandé aux trois établissements du CNSLT de signaler les étrangers, aujourd'hui, c'est tout le monde qui doit être inscrit, estivants algériens inclus. Rencontré dans la matinée de vendredi dernier, au chalet du CAF, un couple d'Algérois ne cachait pas sa surprise. "Nous sommes arrivés hier soir à Tikjda, vers 21h, et avant d'entrer à l'auberge où nous avions réservé auparavant, notre voiture a été arrêtée par un barrage de militaires. Ces derniers voulaient en premier lieu savoir si nous étions hébergés quelque part, nous avons répondu : ‘Oui, au chalet', ensuite l'un d'eux nous a dit : ‘Pourtant personne ne vous a signalés à notre niveau !' Et d'ajouter : ‘Laissez-nous vos papiers et revenez les récupérer plus tard'. Nous avons obtempéré sans cacher notre surprise, l'un d'eux rétorqua : ‘On fait ce qu'on doit faire, ici c'est une zone de danger et on doit tous faire attention'." Notre interlocuteur n'omettra pas de signaler que "tout s'est passé dans le calme et les militaires étaient très courtois avec nous tout en restant fermes. D'ailleurs, nous avons récupéré nos papiers après le dîner et ils nous ont dit que nous avions été signalés et que désormais nous pouvions rejoindre nos chambres sans souci". De son côté, notre interlocutrice nous a avoué que cette procédure l'avait angoissée. "Quand le militaire a parlé de ‘zone dangereuse', j'avoue que cela m'a un peu angoissée, moi qui suis venue pour me dépayser et me détendre, c'était raté." Les militaires qui font fuir les estivants ? Un raccourci trop simpliste. Pour d'autres touristes, résidant à l'étranger, rencontrés à l'hôtel, cette présence "d'hommes verts" est plutôt rassurante. "C'est la première fois que je viens ici et j'avais même peur au début surtout après l'assassinat d'Hervé Gourdel, mais en voyant les militaires ici, c'était plutôt rassurant, pour tout vous dire", nous dira une jeune femme (vivant en France) croisée jeudi soir à la cafétéria de l'hôtel du CNSLT. Selon elle, ceux qui feraient fuir les estivants "ce sont plutôt les employés et les responsables du complexe touristique". Assise sur la terrasse en compagnie de ses enfants et de son mari, l'estivante commence à critiquer l'accueil et les conditions d'hébergement avant d'être interrompue par un employé du restaurant. "S'il vous plaît, veuillez nous permettre de rentrer les chaises et les tables, nous devons fermer maintenant" ! Il était 22h et la famille comptait passer la soirée au clair de lune à discuter autour d'un thé.
Cette nonchalance des employés et de leurs responsables semble effectivement être l'une des principales raisons de l'absence remarquée de touristes. Une situation qui aurait dû inciter le CNSLT à proposer par exemple des tarifs préférentiels pour l'été. Une manière de rappeler que Tikjda ce n'est pas uniquement la neige et le ski, mais ce sont également les randonnées et les escalades. La proposition a été faite par les représentants de Timboo Voyages, une agence de tourisme et d'organisation d'événements. Les représentants du CNSLT semblaient enthousiastes et intéressés par l'idée. Toutefois, selon des sources proches du complexe, il s'avère que la direction a finalement préféré ne pas opter pour des tarifs promotionnels lors de cette basse saison. Encore une décision, si elle se confirme, qui confortera l'idée que les initiateurs du non-tourisme à Tikjda sont avant tout les plus concernés. Elle n'incitera pas les familles ou les jeunes à venir, et elle freine les efforts consentis par les professionnels du tourisme.
Timboo, la persévérance
L'agence Timboo Voyages subit les retombées néfastes de la situation. Même si son siège se trouve à Alger, ses membres ont parié depuis longtemps sur la destination Tikjda. "C'est la passion de toute une équipe. Timboo Voyages et évents œuvrent à faire connaître la beauté qu'offrent les 4 coins de l'Algérie, et Tikjda reste notre destination privilégiée et d'ailleurs de nombreux séjours et circuits ont été élaborés pour différents groupes", explique Khedidja S. Mohammed, responsable des événements de l'agence, rencontrée au chalet le Caf. Elle précise, non sans dépit que "malheureusement, après le crime odieux commis contre Gourdel, la peur et l'état sécuritaire de la région ont freiné la demande pour Tikjda, chose légitime". Une situation qui, semble-t-il, n'a nullement démobilisé l'équipe "ceci ne nous a pas empêchés de promouvoir la destination Tikjda, bien au contraire, cela a apporté de l'eau à notre moulin. Cette magnifique région est proposée même durant l'été, nous avons sensibilisé les gestionnaires du CNSLT afin de proposer des tarifs préférentiels durant l'été, nous comptons ainsi sur leur collaboration afin de faire revivre cette région tout au long de l'année et pourquoi pas faire travailler la population locale, souvent oubliée", indique-t-elle en insistant sur la notion de "combat" pour promouvoir la région. Timboo n'est pas la seule à être tenace pour la défense des lieux. Une partie de la population locale s'est également impliquée.
Les campeurs et les bénévoles...
Dans la matinée de vendredi, une dizaine de jeunes ont été rencontrés sur les hauteurs de Tikjda. Eux, ils n'avaient besoin ni d'une autorisation militaire ni de commodités de la part du CNSLT. Tous issus de Bouira, ils venaient de passer la nuit sur les lieux, sous leurs tentes, dans un lieu connu sous le nom de la Camp. La plupart sont des étudiants et campent sur place, chaque week-end depuis deux ans. "Les autres jours de la semaine chacun a ses occupations et la majorité se débrouille comme elle peut pour se procurer un peu d'argent en faisant de petits boulots", nous expliquera Salah A., 25 ans, étudiant en médecine. À la question de savoir s'ils n'avaient pas peur de rester sur les lieux alors que de nombreuses personnes évoquent l'insécurité et la peur, tous, paraissaient surpris. Tout en réglant tranquillement les cordes de sa guitare, Aghiles M., 21 ans, étudiant en informatique, rajoute : "Ces montagnes sont les nôtres et nous devons en profiter sans nous poser de fausses questions". Pour Yacine C., 21 ans, étudiant en langue française, leur présence est un signe de résistance contre le repli et la marginalisation. "Nous sommes ici parce que ce n'est pas loin de chez nous, et aussi pour profiter du calme absolu et faire le vide dans notre esprit. C'est aussi pour nous défouler et respirer l'air pur".
Les ,jeunes campeurs au lendemain de leur première nuit sur les hauteurs de Tikjda/ © SalimKOUDIL
Sur les hauteurs du massif montagneux, il n'y a pas qu'eux durant ce week-end. Le lendemain, une dizaine d'autres jeunes, venus de Tizi Ouzou et d'Alger, sont venus camper aux côtés de Yacine and Co. Une petite communauté à laquelle il faut ajouter deux bénévoles connus dans la région. Merzak M., professeur de français, et Achraf R., artisan, font régulièrement le nettoyage de la montagne, et avec leurs propres moyens. Ils ont également accroché de nombreuses pancartes sur les arbres rappelant qu'il faut bien respecter la nature et de ne pas laisser des détritus. Un bénévolat pour la protection de l'environnement, le tout sans avoir besoin d'être "chapeauté".
Une des pacartes des bénévoles /© SalimKOUDIL
Ces différentes expressions de cette résistance citoyenne viennent éclaircir les cieux au-dessus des 1 478 mètres d'altitude de Tikjda. Elles expriment également l'espoir que peuvent susciter des actions dépassant le stade de l'assistanat. Avec l'annonce du retour du temps des vaches maigres, le salut ne proviendra que des actions citoyennes, à Tikjda ou ailleurs.
Salim KOUDIL
@SalimKoudil


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